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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 61.djvu/1071

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Buchholtz, près de Francfort-sur-l’Oder, fut témoin de neuf passages de deux petites taches rondes d’un noir de jais, qui chaque fois accomplirent leur trajet en quelques heures, et qui paraissaient tantôt très serrées l’une contre l’autre, tantôt plus distantes.

Toutes ces observations, disséminées dans un grand nombre de recueils, étaient oubliées. Aussi, quand, on annonça, en 1860, l’observation du docteur Edmond Lescarbault, médecin à Orgères (Eure-et-Loir), cette nouvelle fit beaucoup de sensation.

Le 26 mars 1859, vers quatre heures du soir, M. Lescarbault était occupé à explorer la surface du soleil, lorsqu’il aperçut tout près du bord un point noir parfaitement rond dont il estima le diamètre au quart de celui de Mercure, observé par lui lors de son passage de 18Zi5. M. Lescarbault nota l’instant de cette observation, et détermina, tant bien que mal, la position de son point noir ; il en guetta ensuite la sortie, qui eut lieu à 5 heures 22 minutes 44 secondes. Le passage avait duré 1 heure et 17 minutes ; si la tache eût passé par le centre du disque lumineux, la durée du phénomène aurait été de 4 heures 1/2.

M. Lescarbault attendit neuf mois avant de faire connaître son observation ; il a expliqué ce retard par le désir qu’il aurait eu de revoir le petit astre avant d’en parler. Les détails qu’on vient de lire furent communiqués à l’Académie des sciences le 2 janvier 1860, et la nouvelle planète reçut le nom de Vulcain, qui lui convenait en effet très bien ; mais peu de temps après un astronome français, M. Liais, président de la commission géodésique du Brésil, déclara qu’il avait examiné, le même jour et à la même heure, à Olinda, la région du soleil où M. Lescarbault affirmait avoir vu sa planète, et qu’il avait trouvé cette partie du disque absolument pure et exempte de taches. Cette preuve négative ne pouvait pas être d’un grand poids pour infirmer le témoignage si positif du docteur Lescarbault. Ce qui est beaucoup plus grave, c’est que sa planète n’a pu encore être retrouvée. D’après les données de son observation, Vulcain devrait se montrer assez souvent sur le disque solaire, vers la fin de mars et au commencement d’octobre ; mais d’activés recherches, qui ont été faites aussi bien par les astronomes européens que par ceux de l’Amérique, de l’Inde et de l’Australie, sont restées absolument sans résultat. M. le conseiller Schwabe (en Allemagne tout le monde est conseiller) observe le soleil depuis 1826 dans l’espoir de découvrir une planète intra-mercurielle ; jusqu’à ce jour, il n’a jamais rien aperçu. Il est vrai que deux observations de ce genre ont été faites en 1862 et en 1865 ; mais elles ressemblent si peu à celles de M. Lescarbault qu’on n’ose les revendiquer en sa faveur. M. Lummis, employé au bureau des chemins de fer à Manchester, affirme avoir vu un point noir bien défini cheminer sur le soleil, dans la matinée du 19 mars 1862 ; mais l’observation a été interrompue, et, si l’on s’en rapporte au croquis de M. Lummis, le point noir n’aurait mis que de une à deux heures à parcourir le diamètre solaire, ce qui est trop peu pour Vulcain. La même chose peut se