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en-deçà des limites du maximum légal, qu’après le délai d’un an ; certains traités leur sont interdits, et elles doivent solliciter l’autorisation ou) tout au moins l’homologation administrative pour chacune des mesures qui se rattachent à leurs relations avec le public. Quelle est, au point de vue de la célérité du transport, la conséquence de ces deux systèmes ? C’est qu’en Angleterre les compagnies, dégagées, ou à peu près, de toute obligation légale quant aux délais et maîtresses de traiter comme elles l’entendent avec les expéditeurs, peuvent combiner plus sûrement leur service, de manière à le rendre plus régulier et plus rapide ; en France, les compagnies, obligées d’effectuer tous les transports, incessamment exposées à des actions en responsabilité pour les moindres retards, privées des expédiens que leur procureraient les contrats particuliers passés avec les principaux expéditeurs, doivent être en mesure d’agir avec la même activité sur tous les points de leurs lignes, de telle sorte qu’elles disséminent forcément leurs moyens de manutention et de transport, et que le public se trouve moins promptement servi.

S’il était nécessaire d’entrer plus avant dans les détails, nous pourrions ajouter que les gares des chemins de fer anglais sont en général moins encombrées que celles des chemins français, parce que toutes les grandes villes d’Angleterre sont pourvues d’entrepôts et de magasins où les marchandises sont reçues à des prix très modérés, tandis que dans la plupart des villes de France c’est la gare même qui sert de magasin où les destinataires conservent les produits qui leur sont expédiés, occupant ainsi des emplacemens qui ne devraient être utilisés que pour l’opération du transport, et immobilisant un matériel qui devrait au contraire demeurer toujours disponible pour une circulation immédiate. Nous pourrions dire encore que les formalités de l’octroi retardent souvent en France le mouvement des marchandises, et amènent des embarras et des frais qui sont inconnus en Angleterre. Plus on pénètre dans cette question, plus on reconnaît que la situation des compagnies françaises ne permet point à celles-ci de procurer aux transports une célérité égale à celle qui est pratiquée par les compagnies anglaises. L’impossibilité résulte non pas du mauvais vouloir de nos compagnies, dont le premier intérêt est de satisfaire le public, non pas de la faiblesse du gouvernement, qui ne saurait point exercer son droit de contrôle, mais bien de conditions géographiques et d’habitudes commerciales qui sont différentes, d’un régime légal et d’une organisation économique qui, pour assurer à l’ensemble des transports d’autres avantages que l’on ne devrait pas négliger dans la balance d’une juste comparaison, lui retirent nécessairement un degré plus ou moins sensible de vitesse.