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l’Italie[1] ; mais le sentiment de la crainte l’avait emporté d’abord chez eux sur le besoin de la défense. Ils s’étaient tournés à l’envi vers l’empereur avec terreur et avec adulation. Les Vénitiens lui avaient envoyé deux ambassadeurs extraordinaires, Andréa Navagero et Lorenzo Priuli, pour le féliciter des succès qui les inquiétaient et s’excuser de ne l’avoir pas fait plus tôt. « Vous exprimerez, leur disait le sénat de la république, à son impériale et catholique majesté la joie que nous avons ressentie de la victoire glorieuse qu’a remportée son armée et de la capture du roi très chrétien. Vous vous en réjouirez en notre nom avec cette abondance efficace de paroles affectueuses qu’exigent notre perpétuelle révérence envers son impériale et catholique majesté et la confédération qui existait entre nous. Vous le ferez de façon à laisser bien imprimé dans son esprit ce que nous vous recommandons[2]. » Clément VII était allé encore plus loin que le sénat de Venise. Tandis que l’astucieuse république rappelait, comme subsistant toujours, l’ancienne ligue dont elle s’était secrètement retirée, le pape effrayé conclut avec l’empereur une ligue nouvelle. Il fit partir pour l’Espagne, où il avait déjà le comte Balthasar Castiglione en qualité de nonce, le cardinal Salviati, revêtu du titre de légat. Tous les potentats italiens, les plus petits ainsi que les plus considérables, avaient des représentans empressés à la cour de l’empereur, et l’Italie semblait beaucoup plus résignée à une entière soumission que prête à un soulèvement.

Cependant l’esprit d’indépendance s’y ranima bientôt, et l’on y reprit le plan d’union et de défense imaginé après la bataille de Pavie. L’ancien duc de Milan, Maximilien Sforza, depuis longtemps prisonnier sur les bords de la Loire, fit proposer à son frère Francesco Sforza, de la part de la régente Louise de Savoie, une ligue de l’Italie avec la France pour renverser au-delà des Alpes la domination accablante de Charles-Quint. La régente offrait de reconnaître le duc, de lui donner une princesse de la maison royale et de le soutenir dans ses états avec une puissante armée. Peu de

  1. « The effect is that the pope, the Venitians, the Florentyns, the duke off Ferrare, the signoryes off Senys, Luke and Mantoua…. Shold make a lygge for the defence and libertys off Italye ; wherin they rekyn that the duke off Mylan wold att lenghe, when tyme shold be gladly enter. » Lettre de l’évêque de Bath à Wolsey, du 19 mars 1525, dans Ellis, ibid., p. 305, 306.
  2. «… Cum lei nostro nomine vi rallegrarete cum quella efficace, affectuosa et larga forma di parole che a voi maggior sera possibile, siccome ricerca la perpetua observantia nostra verso lei et la confederation che habbiamo cum sua cesarea et catholica mæsta, de modo che lassiate bene impresso nella mente sua quanto vi predicemo…. » Délibération du sénat du 11 mars. — Della Vita e delle opere de Andrea Navavgero, app. docum. M. p. 345.