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temps après, elle renouvela ses offres directement par l’entremise d’un Italien nommé messer Lorenzo Toscano, qu’elle envoya auprès du duc de Milan, de la seigneurie de Venise et du souverain pontife[1]. S’ils se décidaient à conclure entre eux et avec elle une étroite alliance pour jeter les impériaux hors de la péninsule, elle renoncerait au nom de son fils à tout droit sur le Milanais en faveur de Francesco Sforza, qui épouserait ou la duchesse d’Alençon, devenue veuve, ou la princesse Renée, fille de Louis XII ; elle abandonnerait toute prétention sur le royaume de Naples, dont le pape disposerait comme et pour qui il voudrait ; enfin elle fournirait à la ligue six cents hommes d’armes et six mille fantassins, sous le commandement du comte de Saint-Paul, et lui compterait 40,000 ducats par mois[2].

Clément VII entra dans ce dessein, poussé surtout par le dataire Giov.-Mattheo Giberto, son intime confident et l’adversaire le plus résolu des impériaux ; mais sa cauteleuse prudence voulut s’assurer auparavant de nombreux et solides appuis. Outre les Florentins, qui obéissaient à ses directions et qu’il entraînerait sans peine, il désirait l’active coopération des Vénitiens et du duc Sforza. La république circonspecte de Venise était fort alarmée par le voisinage des troupes espagnoles qui occupaient la Lombardie occidentale, que la ligne de l’Adda séparait seule de la Lombardie orientale, demeurée en son pouvoir. Déjà sollicitée à ce sujet par le comte Ludovico Canossa, évêque de Bayeux et ambassadeur de France, elle s’était montrée prête à suivre le pape et à former avec les autres souverains d’Italie cette confédération libératrice. Clément VII avait envoyé dans le Milanais le Génois Domenico Sauli, ami commun du dataire Giberto et du chancelier du duc de Milan, Girolamo Morone, pour faire comprendre à Francesco Sforza les avantages d’une union qui le tirerait de son assujettissement, et assurerait l’indépendance de toute la péninsule.

Afin de n’avoir que des gouvernemens italiens en Italie, Clément VII et Giberto, de concert avec les Vénitiens, conçurent le projet non-seulement d’arracher le Milanais à l’empereur, mais de lui enlever le royaume de Naples. Suzerain de ce royaume, le pape ne devait pas manquer de prétextes pour le lui ôter ni de raisons

  1. Lettre du dataire Giov.-Mattheo Giberto à Ennio Philonardo, évêque de Veruli, nonce du pape auprès des cantons helvétiques, du 1er juillet 1525. — Lettere di principi, t. Ier, f° 164 v°.
  2. Lettre du dataire Giberto au comte Ludovico Canossa, ambassadeur du roi très chrétien à Venise, du 9 juillet 1525. — Lettere di principi, t. Ier, f° 168 v° et 169 r°. — «… Et facendo questo, disait le dataire, l’Italia si congiungera di liga et amicitia perpétua col regno di Francia. » Ibid., f° 168 v°.