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évasion ou un enlèvement. Arrivé à Aranda, sur le Douero, étant encore éloigné de cinquante lieues du royaume de France, il régla, le 26 février, d’accord avec le roi, comment il serait procédé à sa délivrance. Dix jours avant et dix jours après, il ne devait y avoir, à vingt lieues de distance de la frontière, ni réunion d’hommes de guerre, ni assemblée de gens du pays. Douze personnes envoyées par le vice-roi, au nom de l’empereur, visiteraient préalablement la frontière dans toute son étendue et lui rendraient un compte exact de ce qu’ils y auraient vu. Le jour de l’échange, entre Fontarabie et Andaye, au milieu de la Bidassoa, d’où toutes les barques seraient éloignées et de l’embouchure de laquelle, dans le golfe de Biscaye, n’approcheraient plus les navires français et espagnols, aucun gentilhomme de la maison du roi, aucun archer de sa garde, aucun cavalier, de son royaume ne pourrait dépasser Saint-Jean-de-Luz[1].

D’Aranda, François Ier et le vice-roi dépêchèrent Chabot de Brion et le commandeur Penalosa, le premier pour avertir la régente sa mère de venir diligemment à sa rencontre avec les otages, le second pour lui porter la capitulation qui réglait le mode de délivrance du roi son fils. Six jours après, le 4 mars, François Ier atteignit Vittoria, non loin du revers méridional des Pyrénées, dans la plaine de l’Alava. Comme on n’avait encore reçu aucune nouvelle de la régente, le vice-roi n’avança pas davantage[2].

La régente n’avait cependant pas perdu de temps. Le maréchal de Montmorency, le 29 janvier 1526, avait apporté à Lyon le traité de Madrid. Louise de Savoie avait quitté la résidence qu’elle y occupait à Saint-Just depuis un an et demi, et le 1er février elle s’était mise en route pour traverser la France et se rendre à Bayonne. Elle était suivie d’une partie de la cour et accompagnée du docteur Taylor et de Louis de Praet, ambassadeurs de. Henri VIII et de Charles-Quint. De la route elle annonça cette paix au royaume, sans en faire connaître les désastreuses conditions[3]. Elle se bornait à montrer les heureux résultats qu’aurait la délivrance du roi, et elle demandait une levée de deniers pour faire face aux engagemens contractés envers le roi d’Angleterre[4]. Arrivée à Roanne, elle s’embarqua sur la Loire, grossie par des pluies extraordinaires, et se

  1. Cérémonial réglé pour la délivrance du seigneur roy. Ibid. , p. 510, 511.
  2. Lettre de Lannoy à l’archiduchesse Marguerite, gouvernante des Pays-Bas, écrite le 29 mars 1526 de Vittoria. — Archives des Affaires étrangères de France, Espagne, vol. V, f° 250-252.
  3. Extrait des registres du parlement, dans Captivité de François Ier, p. 497 et suiv.
  4. Lettres-patentes de la duchesse d’Angoulême pour lever une aide extraordinaire. Ibid., p. 490-496.