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systèmes : il ne serait pas bien difficile, il nous semble, de faire accepter un droit unique et modéré sur tous les vins, à la condition que ce droit, constaté chez le propriétaire et suivi au moyen des acquits-à-caution, ne devînt payable qu’au moment de la consommation ou de la vente. Avec un maximum de 2 francs par hectolitre, il nous semble qu’on pourrait aller jusque-là, on réaliserait plus de cinquante millions net[1]. Quant au sel, nous nous refusons à croire que la commission ait le projet d’en tirer 10 millions de plus. En France, avec la taxe réduite à 10 centimes, la consommation s’est élevée à 9 kilogrammes par tête, et le prix du sel commun, même au détail, varie entre 20 et 30 centimes par kilogramme. En Italie, la fabrication et le commerce du sel sont monopolisés au profit de l’état, qui possède de nombreuses et riches salines. La consommation du royaume est de 122,000 quintaux métriques, environ 5 kilog. 1/2 par tête. Le seul marchand de sel est le gouvernement, qui le fait d’ailleurs payer assez cher, 44 centimes par kilogramme ; le débitant ne peut pas le livrer à moins de 60 centimes : c’est deux ou trois fois plus cher qu’en France. Est-il juste, est-il prudent d’appesantir encore cette charge, que l’on sait être particulièrement désagréable aux populations.

Nous discutons ces faits non pas avec la prétention de tracer un plan de fiscalité, mais plutôt pour montrer combien est difficile la tâche dévolue aux financiers italiens. En définitive, après toutes les combinaisons imaginables pour agir sur l’actif et le passif des budgets, on conçoit la possibilité de réduire le déficit actuel à une cinquantaine de millions. Encore ce résultat est-il plus théorique qu’effectif. N’oublions pas qu’il s’agit d’équilibrer le budget de 1866, et qu’un tiers de cet exercice est déjà écoulé. En supposant que les modifications à l’étude soient adoptées par le parlement, il se passera plusieurs mois avant qu’il soit possible de les réaliser. Des impôts nouveaux ne donnent pas leurs fruits immédiatement, et quand on supprime un service public, on ne rejette pas les employés sans traitement du jour au lendemain. Il est donc évident que l’exercice de 1866 ne profitera pas beaucoup des réformes dont son budget doit offrir le type. En admettant les prévisions les plus optimistes, on ne peut se dissimuler que l’exercice actuel, quoi qu’on fasse, laissera encore un découvert dépassant, et peut-être de beaucoup, 200 millions : il y aura de plus à classer pour l’année prochaine l’annuité provenant de la dette romaine.

Voilà donc où l’on aboutit après tant de louables et douloureux efforts ! L’avenir est un peu éclairci, mais le présent reste en proie

  1. Il y a déjà en Italie des droits d’octroi sur les boissons que se partagent les communes et le trésor.