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cercle d’action de la société ! Elle envoie 680 ouvriers de tous les rangs, labourers, pour travailler à la conversion du monde ; ses émissaires prêchent ou enseignent dans plus de cinquante langues différentes, et ses 800 écoles distribuent l’instruction chrétienne à 36,000 enfans ou adultes choisis parmi tous les groupes de la famille humaine. En 1865, la Church missionary society recueillit dans le royaume-uni la somme énorme de 144,464 livres sterling (3,611,600 francs). Avec de telles ressources, elle manie sans aucun doute un levier puissant que dirige sur presque tous les points du globe l’intelligence du clergé protestant.

Les sectes dissidentes ne sont point restées étrangères, il s’en faut de beaucoup, à cette conquête religieuse de l’univers par l’influence de l’idée anglaise. Dès 1786, Carey, ministre d’une congrégation de baptistes, attira l’attention de ses confrères sur les contrées idolâtres. Entraîné vers la propagande chrétienne par un grand amour de la géographie, il voulait communiquer à l’étude du globe terrestre et à la linguistique une impulsion sacrée. En 1791, il traita le sujet devant un meeting de ministres baptistes réunis à Clipstone, Northamptonshire. Un an plus tard, la société était formée sous le nom de Baptist missionary society. Peu de temps après, le docteur Carey partit pour les Indes orientales, et une imprimerie fut établie à Sérampore. Doué du don des langues à un degré presque incroyable, il traduisit, d’accord avec ses confrères, les Écritures en quarante ou cinquante idiomes pour l’usage des différentes tribus hindoues. Sa mort, qui eut lieu en 1834, affligea tous les amis de la science. Cette société de missionnaires baptistes, qui jouissait en 1865 d’un revenu de 28,744 livres sterling (718,600 fr.), dut une partie de ses succès dans l’Inde à son esprit de tolérance et de sagesse. Dès 1805, elle recommandait à ses missionnaires de respecter les préjugés des Hindous, de s’abstenir d’attaques violentes contre leurs idoles et de ne point interrompre les cérémonies de leur culte. « Les conquêtes de l’Évangile, ajoutait-elle, sont celles de l’amour. » Cette même association étend aujourd’hui ses travaux et ses luttes à quelques autres parties du monde. Son nom a été mêlé dernièrement aux tristes événemens de la Jamaïque, qu’elle avait prédits et qu’elle croyait sans doute conjurer en dénonçant avec vigueur au gouvernement local les justes griefs de la race noire.

Dans Blomfield-street, Finsbury, s’élève un bâtiment neuf en pierres de taille qui appartient à la London missionary society, fondée en 1795 par des chrétiens de diverses dénominations, mais soutenue en grande partie par des indépendans[1]. Les murs de

  1. Avec un revenu de 91,048 livres sterling (2,276,200 francs), la société des missionnaires de Londres entretient 167 missionnaires européens, 700 maîtres d’école appartenant, à diverses races plus ou moins barbares, et, huit séminaires pour former des évangélistes et des pasteurs parmi les indigènes.