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départ causa une véritable consternation dans le pays. N’est-ce point trop souvent l’histoire des missions ? On veut détruire les superstitions d’un peuple, et on lui apporte une autre idole.

Les wesleyens, qui forment une des sectes les plus étendues et les plus actives de la Grande-Bretagne, ne pouvaient céder leur part d’influence dans une œuvre si profondément nationale. Dès 1786, ils avaient des émissaires sur différens points du globe, mais ce n’est qu’en 1816 ; qu’ils formèrent une société connue sous le nom de Wesleyan-methodist missionary society. Le docteur Coke, un des premiers missionnaires méthodistes, rencontra dans les Indes occidentales une grande opposition de la part des propriétaires de noirs. Les planteurs se déclarèrent contre la Bible, sous prétexte qu’un esclave sachant lire n’était plus propre à remplir les devoirs de sa condition. La société, qui occupe dans Centenary-Hall un grand bâtiment à colonnes, recueillit en 1864 la somme de 141,899 livres sterling (3,547,475 fr. ). Toutes les branches du protestantisme anglais produisent, on le voit, des dévouemens et des sacrifices au moins égaux à ceux de n’importe quelle autre religion. On estime à près d’un million de livres sterling (25 millions de francs) le capital engagé dans le champ des missions étrangères. Ne vous tarde-t-il point de voir à l’œuvre ces riches sociétés[1] ? L’échelle des missions anglaises, s’étendant sur toute la terre, nous montrera l’esprit chrétien aux prises avec tous les degrés de, l’intelligence humaine, depuis le sauvage qui épèle péniblement quelques lignes jusqu’à ces antiques sociétés de l’Orient où l’art et la poésie trouvent leur plus ancien foyer.


II

Le 4 janvier 1866 mouillait dans les eaux de Gravesend un bâtiment qui n’avait point encore défié la mer. C’était le Nouveau John-Williams ; il succédait à un navire du même nom, qui, après vingt années de service dans l’Océan Pacifique, sombra le 17 mai 1864 en vue de l’île du Danger, tandis que les naufragés furent recueillis par les sauvages auxquels ce même vaisseau, lors d’une première visite, avait apporté l’Évangile. La nouvelle de ce désastre fit une grande sensation, et les enfans de l’île du Danger, imités en cela par la jeunesse des autres îles voisines remirent à la femme du capitaine diverses offrandes pour la construction d’un autre

  1. C’est un devoir pour moi de remercier les diverses sociétés de missionnaires pour l’extrême obligeance avec laquelle m’ont été communiqués tous les documens qui pouvaient intéresser les lecteurs de la Revue.