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pendant cette année il a obtenu le maximum de ces marques, c’est-à-dire cent huit.

A mesure qu’il franchit ces diverses carrières, à mesure que du fond de l’abîme il remonte vers le jour, échelon par échelon, son sort d’ailleurs s’améliore. Dès son entrée dans la troisième ou dernière classe du second stage, il obtient une prime en argent pour la travail qu’on exige de lui. Elle est alors tout à fait insignifiante et ne s’élève qu’à un denier (soit 10 centimes) par semaine : cette prime double pour la seconde classe, et dans la première monté successivement à 3 et 4 deniers (30 et 40 centimes), puis à 7 et à 9 (70 et 90 centimes) dans la classe avancée. Cet argent n’est point mis à la disposition du convict, mais s’accumule à son crédit dans la caisse de la prison et forme petit à petit le pécule qu’on lui remettra lors de sa sortie. Le régime se modifie également. Déjà, dans la seconde période du séjour à Mountjoy, une livre et demie de bœuf (par semaine) est allouée au prisonnier en vue de son prochain passage dans la classe où le travail devient plus dur. A Spike-Island ou à Philipstown, les rations de toute espèce sont notablement accrues : vingt-quatre onces de riz, et de farine d’avoine au lieu de douze et demie, treize livres de pain au lieu de dix, deux livres de bœuf réparties en trois repas, mais ceci seulement pour les bons travailleurs, car les paresseux ou les violens, sans être toujours renvoyés à Mountjoy, retrouvent dans les prisons du second stage l’étoupe traditionnelle et l’alimentation réduite des premiers temps.

Nous avons conduit J. B. jusqu’à la classe avancée, la classe supérieure du second degré. Il habite désormais, dans la prison, un quartier à part. On l’occupe à des travaux particuliers, les repas se prennent en commun, le travail se fait de même et sans surveillance habituelle : premiers témoignages de confiance que les convicts semblent parfaitement apprécier. Ils entrevoient d’ailleurs, comme une dernière métamorphose, celle qu’ils vont subir en passant de la prison au travail en commun dans les ateliers presque libres de Lusk ou de Smithfield.

Là cessent les marques. On dépouille, en même temps que l’odieux uniforme du convict, tout ce qui en rappellerait la condition. Il ne s’agit plus de punition ni même de réforme. L’autorité vous tient, jusqu’à nouvel ordre, pour suffisamment puni, suffisamment amendé. Seulement elle veut vous rendre, sans vous quitter des yeux, à votre condition normale. Ce temps que vous lui devez encore et dont elle s’apprête à vous remettre une partie, elle prétend l’employer à vous éprouver d’une part, et de l’autre à vous montrer au public tel que vous ont fait les efforts persistans auxquels vous devez qu’elle veuille bien se porter garante de votre bonne conduite à venir. Le ticket of leave bien compris n’est pas autre