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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/265

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blâmer les républiques qui acceptaient son alliance[1]. Si pourtant on étudie la constitution du Brésil, on y verra que, tout en conservant une monarchie héréditaire, elle a su donner de véritables garanties à toutes les libertés désirables, qu’elle est basée sur la souveraineté et la représentation nationale, que le vote, bien qu’à deux degrés, appartient en somme à la presque universalité des citoyens, que les attributions du pouvoir législatif sont suffisamment étendues, puisqu’à lui seul appartient l’initiative en matière d’impôts et de recrutement. Une large part a été faite à la décentralisation, indispensable jusqu’à un certain point dans un empire aussi vaste. Des conseils provinciaux élus décident de tout ce qui concerne les questions d’administration et de finances spéciales à chaque province, et les délégués du pouvoir exécutif, gouverneurs ou autres, disposant, comme il est juste, de la force publique, ont seulement à veiller à l’exécution de ces décisions.

En réalité, le Brésil paraît dans une situation meilleure que celle de presque tous ses voisins. Ses engagemens financiers fidèlement remplis ne l’exposent pas, comme la plupart des républiques amer ricaines, à des réclamations continuelles de la part des gouvernemens étrangers, et lui assurent un crédit sérieux. Au commencement d’août 1866, sur la place de Londres et malgré la crise, le 4 1/2 pour 100 brésilien était coté de 70 à 71 fr. On voit enfin l’exportation brésilienne en Angleterre, qui était en 1854 de 2,083,589 liv. sterling[2], augmenter graduellement pour atteindre en 1864 le chiffre de 7,019,992 livres, et l’importation anglaise, qui était en 1854 de 3,011,822 livres, arriver en 1863 à 4,082,641 livres. Durant la même période, l’exportation argentine en Angleterre, qui était en 1854 de 1,285,186 livres, a atteint en 1859 1,663,792 liv., pour retomber en 1864 à 1,183,181 livres. L’importation anglaise dans la confédération argentine, qui en 1854 était de 1,229,690 liv., n’est remontée en 1864 qu’à 1,348,122 liv. L’exportation du Brésil en France en 1864 s’est élevée au chiffre de 85,876,698 francs. Elle a été en 1858 de 21,255,401 francs. L’importation de France au Brésil était en 1864 de 129,220,266 fr., en 1858 de 67,747,989 fr. La confédération argentine a exporté en France en 1864 pour 41,512,000 fr., en 1858 pour 17,200,000 francs ; elle a importé de France en 1864 pour 51,910,115 fr., en 1858 pour 18,900,000 fr. La population du Brésil, qui comptait en 1830 moins de 6

  1. M. John Lelong, qui a longtemps habité ces pays, montre dans une brochure récemment publiée chez Dentu que les institutions politiques qui éloignent du Paraguay les républiques argentine et orientale ne sont pas un obstacle à une entente avec le Brésil.
  2. Statistical abstract for the united Kingdom. (Twelfth number.)