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république argentine de celle du Paraguay. Tous deux se rejoignent à 270 lieues de l’Océan, à la hauteur de Corrientès. Grossi des eaux du Rio-Paraguay, le Parana continue sa course à travers le territoire argentin. A 70 lieues de la côte, il rencontre l’Uruguay, qui, sorti de la province brésilienne de Santa-Catharina, a coulé du nord au sud, longeant à gauche la province du Rio-Grande et la république de l’Uruguay, à droite la confédération argentine. Les deux fleuves, réunis sous le nom de Rio-de-la-Plata, séparent alors la république argentine de l’Uruguay, et versent leurs eaux à la mer par une embouchure large de 35 lieues.

Dans l’espace compris entre le Parana et le Rio-Paraguay s’étend la république du Paraguay, qui borde la rive droite du Parana en face des provinces brésiliennes de Matto-Grosso et de São-Paulo et du territoire de Corrientès, et la rive gauche du Paraguay vis-à-vis la confédération argentine. Tandis que la confédération dispose sans interruption d’une voie fluviale qui traverse son territoire dans sa plus grande étendue, le Brésil reste privé d’un pareil avantage. Aussi eût-il eu tenu à posséder au moins la rive gauche de l’embouchure avec le beau port de Montevideo, rival souvent heureux de celui de Buenos-Ayres, ainsi que tout le cours de l’Uruguay, déversoir naturel des produits de la province du Rio-Grande. Le roi Jean IV profita en effet de la lutte entre l’Espagne et les colonies de la Plata pour annexer au Brésil, encore dépendant de la couronne de Portugal, la bande orientale tout entière ; mais la haine nationale, qui au Nouveau-Monde plus encore qu’en Europe existe entre les populations espagnoles et portugaises, et l’appui que Montevideo reçut alors des Argentins devenus indépendans ne lui laissèrent pas longtemps sa précieuse conquête. En 1829, l’état oriental recouvra son autonomie, et le Brésil parut s’y résigner, se réservant de veiller à ce que jamais une réunion à la confédération argentine ne mît entre les mains du même gouvernement les deux rives de la Plata. Du moins tenait-il à conserver sur le plus long parcours possible la navigation du haut Parana et du haut Paraguay, grâce auxquels les provinces du centre de l’empire pouvaient remplacer par le cabotage les voies de communication artificielles qui leur manquent encore. Là il eut à compter avec l’état du Paraguay. Celui-ci, situé au centre du continent, sans autre accès à l’Océan que par les fleuves, prétendait, de même que le Brésil et pour des raisons plus plausibles encore, s’approprier les territoires bordant la rive droite du Parana jusqu’au Rio-Ivenheima et les terres de la rive gauche du Rio-Paraguay jusqu’au fort Olympo. La navigation du Rio-Paraguay, plus facile que celle du Parana, avait, encore à ses yeux un intérêt d’autant plus grand que l’Assomption,