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LE MEXIQUE
ET
LES CHANCES DE SALUT DU NOUVEL EMPIRE

Il y a sept mois à peine qu’en achevant d’esquisser dans la Revue[1] un épisode de la guerre soutenue par nos partisans français dans les terres chaudes du Mexique, nous augurions mal des destinées de l’empire naissant. Voici qu’aujourd’hui les nouvelles arrivées de l’autre rive de l’Atlantique font craindre de fâcheux événemens. Le mot d’abdication a été murmuré au palais de Mexico. L’impératrice Charlotte, après avoir retenu la main de son époux au moment où il allait signer l’arrêt de mort du second empire mexicain, n’a pas craint, à l’époque la plus malsaine de l’année, de venir s’embarquer à Vera-Cruz pour traverser les mers et réclamer la continuation de l’appui de la France. La situation est grave. L’ex-président Juarès, si souvent chassé par nos armes, a reparu à l’horizon : deux ports importans sur le golfe, Matamoros et Tampico, sont déjà tombés aux mains des dissidens ; le général en chef mexicain Mejia, une partie de ses troupes ayant fait défection, a capitulé devant des forces supérieurs, et on a vu l’empereur lui-même donner l’ordre de cerner son propre palais pour y saisir les chefs d’une conspirations tendant à le renverser, conspiration qui comptait dans son sein des généraux, des prêtres et même des ministres de la couronne. Cependant l’armée française n’a pas encore quitté le sol mexicain ! Aujourd’hui qu’une promesse solennelle

  1. Voyez la Contre-Guérilla française au Mexique 15 février 1866.