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dissidens, ralliés au drapeau de Juarès, qu’ils fouleront aux pieds après le départ des Français, soulèvent les populations, qui ne demandent qu’à faire oublier qu’elles se sont compromises avec nous. Ils regagnent rapidement du terrain, et déjà presque tout le Tamaulipas, qui touche aux États-Unis, est en leur pouvoir. S’ils sont habiles, ils ne tireront pas un coup de fusil de peur de retarder d’une minute l’évacuation qui va commencer.

On nous taxerait de partialité, si nous laissions dans l’ombre ce qui a été ou fait ou tenté de bien par le gouvernement impérial. Il faut rendre cette justice à l’empereur Maximilien, que, depuis qu’il règne à Mexico, il s’est livré à une étude incessante, trop minutieuse peut-être, des réformes urgentes. Il a signé un grand nombre de décrets, une foule de projets ont été mis à l’étude ; mais peu ont abouti. Dès le début, il avait fait appel à l’expérience et au patriotisme de ses ministres et de ses généraux pour activer la reconstitution d’un système gouvernemental en rapport avec les besoins du pays, et il avait ordonné des économies sévères. Tout d’abord il s’était entouré de Mexicains, puis il a été contraint d’appeler des fonctionnaires français dans son conseil, et il faut bien avouer que le seul concours sérieux qui lui ait été prêté a été fourni par ceux de nos compatriotes répartis dans les différentes branches des services publics. Ses meilleures intentions ont échoué contre la résistance secrète ou la force d’inertie des administrateurs mexicains, résolus à ne pas sortir des ornières de la routine ou à ne pas modifier leurs habitudes de concussion. On a eu un exemple frappant de ces dispositions hostiles dans l’accueil qui fut fait naguère à M. Langlais, le successeur de M. Corta. Dès son arrivée à Mexico, le commissaire français éprouva les plus grandes difficultés à se faire communiquer dans les bureaux du ministère de l’hacienda les documents nécessaires à l’examen des véritables ressources du pays. Le Moniteur vient de nous apprendre que l’empereur du Mexique ne compte plus que trois ministres chargés de tout le service : un général français, M. Osmont, est ministre de la guerre ; un intendant militaire français, M. Priant, est à la tête des finances ; le troisième ministre est Mexicain : c’est M. Salazar Ilarregui, chargé des deux départemens de l’intérieur et des travaux publics ; mais les deux premiers pourront-ils accepter leurs nouvelles fonctions ? Voilà pour l’administration. — Quant à l’armée, l’empereur dut bientôt renoncer à la garde d’honneur mexicaine, formée à son arrivée sous le non de dragons de l’impératrice pour le service de sa personne au palais de Chapultepec, sa résidence ; il leur préféra nos zouaves. L’armée exigeait une réforme radicale dans la formation des cadres et dans l’organisation générale. On se mit à l’œuvre ;