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Et ces jeunes ans que tu pleures ?
As-tu dans le cœur seulement
L’espoir en Dieu qu’avidement
Tu cherches dans ton livre d’heures ?

Salomon ! où tes Montespan
Sont-elles ? où sont tes armées,
Tes généraux, tes Renommées
Aux ailes vastes d’un empan ?

Où sont tes traits, Phébus superbe ?
Roi des rois, où sont tes dauphins ?
Dieu, qui connaît l’homme et ses fins,
A fauché les lis avec l’herbe.

Assez de ces nec pluribus
Impar, de tout ce train qui piaffe !
Assez d’emblèmes, de paraphe,
De gloriole et d’attributs !

O jours d’ivresse et de démence,
Évanouis comme un parfum !
Ce grand olympe de Lebrun
A disparu dans l’ombre immense…

Et de tous ces dieux qu’embrassait
L’universelle idolâtrie,
De cette fantasmagorie
Dont le spectacle éblouissait,

De cette gloire à grand orchestre
Qui remplissait le vaste parc,
De ces Apollon dieux de l’arc,
De ces robustes Hypermnestre,

De ces vainqueurs, de ces héros,
Pour leurs amours d’apothéoses
Épuisant les métamorphoses :
Cygnes, béliers, aigles, taureaux ;

De ces Pan, de ces Méléagre,
De ces Junon dont l’heure a fui,
Voilà ce qui reste aujourd’hui :
Une béguine, un vieux podagre !