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Ce cacochyme à l’œil bridé,
Ce nez corbin qui se déploie
Comme un vieux bec d’oiseau de proie,
Ce front sous sa houppe ridé[1],

Ce teint jaune comme la cire,
Cette bouche où manquent les dents,
Cette chair molle aux coins pendans :
Est-ce vous ? est-ce bien vous, sire ?

Quoi ! ce spectre parcheminé,
Ce squelette en sa souquenille,
Ce vieillard maussade et jonquille,
C’est l’Apollon enrubanné

De cette héroïde fantasque !
Le maître auguste et souverain
Dont partout le marbre et l’airain
Vous montrent l’armure et le casque !

Quoi ! ce fantoche, ce magot,
Jouet d’un prêtre et d’une duègne,
C’est le monarque du grand règne,
C’est le modèle de Rigault,

Le danseur de cet intermède
Qui dura cinquante ans, mordieu !
Le Jupiter à cordon bleu,
L’Adonis et le Ganymède !

Le triomphateur sans pareil,
Plastronné devant et derrière,
Et qui, dans sa vaste carrière,
A tant abusé du soleil !


II


Vers lui, Phœbus et météore,
Les cœurs se tournaient éperdus ;
Il conduisait à bras tendus
Les fougueux coursiers de l’Aurore !

Et le char, plein de ses chansons,
De ses lauriers, de ses trophées,

  1. Voyez le grand médaillon en relief et à perruque vraie conservé dans la chambre à coucher.