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que cette lunette n’est nullement destinée à scruter le ciel ni à poursuivre dans les espaces infinis des astres rebelles à la vue. Ce qu’on lui demande surtout, c’est d’être bien éclairée à l’intérieur, et sous ce rapport elle répond pleinement aux conditions exigées. Un appareil nouveau permet même d’y gouverner la lumière et de l’adapter merveilleusement à la nature des phénomènes célestes qu’on se propose d’observer. Ce télescope est soutenu en l’air par un axe tournant sur deux pivots, et à l’aide de tourillons de fonte on peut l’élever ou l’abaisser à volonté. Il est vraiment curieux de voir avec quelle parfaite docilité cette lourde masse obéit à la moindre impulsion du doigt. Ses évolutions se trouvent d’ailleurs limitées à un mouvement de haut en bas, car il faut toujours que le télescope soit exactement braqué dans la direction du nord ou du midi, et la moindre déviation à cet égard, ne fût-ce que l’épaisseur d’un cheveu, produirait une source d’erreurs. Pour assurer cette position exacte, on se sert de deux tubes et d’une cuve de mercure placée au-dessous de l’objectif de la lunette. Quant à la seconde opération, celle qui consiste à mesurer les distances et à fixer la position des astres dans leur mouvement de déclinaison, c’est le rôle d’un cercle attaché à l’instrument et dans lequel est insérée une mince bande d’argent gravée de lignes très fines à une distance égale les unes des autres. Ces lignes ou divisions se montrent ensuite grossies par de puissans microscopes, dans le champ desquels joue la lumière du gaz, et qui sont eux-mêmes enfermés dans une ouverture creusée au centre d’une des deux massives jetées de pierre entre lesquelles la lunette se meut encaissée. Pour bien comprendre cet instrument, il faut le voir en action.

Une observation du soleil a lieu au moins une fois par semaine, à midi, dans la salle du transit-circle, et une grande partie de l’état-major de l’établissement y assiste ; mais c’est surtout la nuit qu’on peut se faire une idée de la manière dont se constate le passage des corps célestes au méridien. La liste des planètes et des étoiles qu’il convient de surveiller est dressée le lundi matin par l’astronome royal ou sous sa direction, et cette liste, placée sur le manteau de la cheminée, dans la chambre des calculs (computing room), indique d’avance les arrangemens de la semaine pour chaque assistant. Les premières observations faites avec le nouveau transit-circle datent de 1851, et à partir de ce moment elles n’ont jamais été interrompues. L’assistant chargé d’épier à l’aide de cet instrument l’état du ciel est de garde pendant vingt-quatre heures[1]. A moins de circonstances tout à fait extraordinaires, on ne le charge jamais deux

  1. De trois heures du matin jusqu’au lendemain trois heures du matin.