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corps célestes. Tel mouvement d’une nature déterminée, qui se continue dans l’intérieur des corps ou en dehors d’eux, constitue le phénomène connu sous le nom de chaleur ; tel mouvement, de nature toute spéciale, constitue la lumière, tel autre l’électricité, et ainsi de suite. L’atome et le mouvement, voilà l’univers ! Sur cette base, le mathématicien pourra établir ses calculs. En appliquant ses équations à un milieu composé d’atomes uniformes, en cherchant tous les mouvemens qui peuvent se produire et toutes les combinaisons qui peuvent naître de ces mouvemens, il retrouvera les phénomènes connus de la physique, les lois de la circulation planétaire, celles de la propagation du son, celles des ondulations lumineuses. Engagé dans cette voie, fort des analogies qu’une pareille étude lui suggérera, il déterminera, à côté des mouvemens déjà connus, les mouvemens qui semblent probables. Il y retrouvera sans doute les lois déjà étudiées de la matière ; il y trouvera peut-être des propriétés sur lesquelles l’attention des hommes ne s’est pas encore portée. Combien de lois importantes règnent ainsi autour de nous sans que nous nous en doutions ! Combien de temps les hommes ont-ils vécu sans soupçonner les phénomènes électriques dont l’action les enveloppait ! Quelles révélations inattendues peuvent surgir de cette étude de la nature faite à un point de vue nouveau !

Mais ne parlons que des obscurités qu’elle a déjà dissipées, et laissons à l’avenir le soin de justifier les espérances que fait naître l’hypothèse nouvelle. Par la liaison qu’elle établit entre tous les phénomènes naturels, elle habitue notre esprit à chercher dans chaque fait, à travers les transformations qui nous abusaient autrefois, son origine immédiate et sa conséquence immédiate. Quand nous voyons une machine à vapeur élever un poids ou vaincre une résistance, nous pensons tout de suite au charbon qui brûle dans le foyer et dont la combustion produit le travail de la machine ; mais ce charbon lui-même, où prend-il cette force que nous savons utiliser ? C’est qu’il est le produit d’un long travail solaire accumulé dans des végétaux fossiles. Ainsi tous les faits sont pour nous ramenés à une sorte de mesure commune, et nous nous habituons à chercher toujours une juste proportion entre chaque cause et chaque effet. Veut-on, pour donner une forme familière à notre pensée, que nous citions une anecdote ? Nous l’emprunterons au père Secchi, qui la raconte dans son livre de l’Unité des forces physiques. Il y avait en 1855 à l’exposition, universelle de Paris une cloche immense d’un poids énorme ; elle était soutenue par un système de supports si ingénieux qu’un seul homme suffisait à la maintenir en mouvement ; seulement on en avait supprimé le battant, par égard sans doute