Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

véritable que quand nous aurons examiné quelques-uns des phénomènes sur lesquels elle repose et indiqué l’aspect nouveau qu’elle donne à quelques parties de la science. Ce n’est point ici le lieu, comme on pense, de faire un cours de physique. Nous pourrons seulement toucher quelques points, donner quelques indications. Qu’on ne nous demande point un tableau général de la nature, alors que nous cherchons seulement à en esquisser quelques détails ; à travers ces ébauches partielles, on pourra sans doute entrevoir ce que serait l’œuvre d’ensemble que nous ne songeons point à entreprendre. Nous adopterons d’ailleurs, dans notre excursion à travers les phénomènes naturels, le même ordre que nous avons suivi dans l’exposé sommaire du système ; nous parlerons d’abord de ce qui touche à la lumière, à la chaleur, à l’électricité ; nous en viendrons ensuite à cet autre groupe d’actions, l’affinité chimique, la cohésion, la gravité, dont les préjugés courans placent plus particulièrement le principe au sein même des molécules.

La chaleur ! l’électricité ! la cohésion ! la gravitation ! disons-nous. Ces mots mêmes nous amènent à faire une déclaration dont le bénéfice devra nous être acquis pendant tout le cours de cette étude. Dans chaque branche de la physique, nous le disions il y a un instant, des hypothèses particulières ont été faites ; elles ont influé sur le langage qui a été adopté dans les différentes parties de la science. Dans beaucoup de cas, les noms donnés aux phénomènes, la classification même de ceux-ci, sont en désaccord avec la théorie nouvelle. Qu’allons-nous faire en cette circonstance ? Sans doute à une situation nouvelle il faut une langue nouvelle ; mais allons-nous créer ici cette langue de toutes pièces ? Nous avons bien d’autres embarras. Irons-nous recourir à des périphrases pour éviter des mots qui semblent contredire les idées que nous développons ? Nous courrions grand risque de n’être pas compris. Nous continuerons donc à appeler toutes choses par le nom qui leur est habituellement donné ; si quelquefois cette dénomination est en discordance avec notre idée fondamentale, on voudra bien n’attribuer cet accident qu’à l’état transitoire dans lequel se trouve actuellement la physique ! Les électriciens ont admis autrefois l’existence d’un fluide positif et d’un fluide négatif ; ils distinguent dès lors dans un courant un pôle positif et un pôle négatif ; nous le ferons comme eux, sans que cela tire à conséquence. Quand on chauffe un corps sans lui permettre de se dilater, il absorbe, pour acquérir un certain degré de température, une quantité déterminée de chaleur, et, si on le chauffe en lui permettant de se dilater, il demande, pour arriver au même degré, une quantité de chaleur plus grande : les physiciens avaient donné à l’excédant de chaleur exigé dans le second cas le nom de