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lumineux, d’après ce que nous avons dit jusqu’ici, est la propagation d’un mouvement dans lequel les atomes de l’éther oscillent autour de leur position d’équilibre. Ils sont donc animés d’une certaine vitesse dans un sens pendant la première moitié de cette ondulation, et de la même vitesse en sens contraire pendant la seconde moitié. Supposons maintenant qu’on puisse disposer de deux rayons issus d’une même surface, et que par un artifice quelconque on ait mis l’un des deux en retard sur l’autre d’une demi-ondulation ; si l’on vient à superposer les deux rayons, au point de superposition, les atomes d’éther resteront immobiles, puisqu’ils seront également sollicités à se mouvoir dans les deux sens ; il y aura donc en ce point absence de mouvement lumineux ou obscurité. Il y aura augmentation de lumière quand le retard sera de deux demi-longueurs d’onde, obscurité quand il sera de trois demi-longueurs, et ainsi de suite.

Par des, expériences, basées sur ce principe, on a pu mesurer la longueur, et la durée des ondes qui correspondent aux diverses couleurs du spectre. L’onde décrit en longueur et en durée depuis le rouge jusqu’au violet ; sa longueur exprimée en millimètres, est de 0mn,000738 à l’extrême rouge, de 0mm,00553 au milieu du jaune, de 0mm,000369 à l’extrême violet. On a pu d’ailleurs constater par des procédés spéciaux que la même loi de décroissance s’étend aux parties invisibles du spectre ; les vibrations calorifiques au-delà du rouge sont plus lentes et plus longues ; l’onde la plus longue du calorique obscur, qui ait pu être mesurée jusqu’ici est de 0mm001830. Quant à la durée des ondes, on pourra s’en faire une idée générale en sachant que la vibration du rayon jaune dure 530 trillionièmes de seconde. C’est d’ailleurs un fait reconnu que l’œil ne peut percevoir une sensation, si elle ne dure au moins quelques centièmes de seconde. Il faut donc plusieurs billions d’ondes pour donner la sensation lumineuse. On voit ici confirmé par l’expérience le raisonnement que nous mettions tout à l’heure dans la bouche d’Huyghens, et aux termes duquel les ondes, une fois sorties de la ligne même d’ébranlement ; ne sont plus assez fréquentes pour produire de la lumière.

On comprend, sans que nous ayons besoin d’insister sur ce point, l’importance que l’étude des interférences prend dans la physique nouvelle. L’intérêt qui s’y attache ne reste pas confiné dans les limites de l’optique, il s’étend à toutes les branches de la science. Partout où il y a un mouvement vibratoire, on doit s’attendre, à rencontrer des phénomènes d’interférence. L’acoustique par exemple a les siens, qui sont faciles à mettre en évidence. Qu’on prenne une plaque de cuivre supportée par un pied, et qu’après l’avoir