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saupoudrée de sable fin on la frotte vivement à l’aide d’un archet au milieu d’un de ses côtés, on voit la plaque se diviser en huit triangles ou concamérations vibrantes ; les triangles contigus vibrent en sens contraire, et par conséquent ceux qui ne se touchent pas vibrent dans le même sens. Le sable fin accuse cet état de choses en se rassemblant le long des lignes qui divisent la plaque ; il y reste en repos parce qu’il y trouve une tendance égale à deux mouvemens opposés. Ces impulsions contraires qui partent des diverses parties de la plaque pour se croiser dans l’air ambiant doivent y produire de véritables phénomènes d’interférences, car tantôt elles se renforcent mutuellement et tantôt elles se contrarient. On s’en assure à l’aide d’un instrument très simple ; c’est un tube dont une extrémité forme un entonnoir, sur lequel une membrane est tendue, tandis que l’autre bout se termine par deux branches formant un angle entre elles. Si maintenant, l’oreille placée contre l’entonnoir, on promène sur la surface de la plaque les deux branches qui terminent le tube, on reconnaît facilement que le son est très affaibli quand elles sont au centre de deux triangles contigus, et qu’il s’enfle au contraire quand elles touchent deux triangles vibrant dans le même sens.

Ainsi nous connaissons maintenant les interférences sonores et les interférences lumineuses ; mais surtout nous devons nous attendre à voir ces phénomènes se généraliser en physique. Ils se présenteront nécessairement sous les formes les plus variées suivant le mode de mouvement qui les produira et surtout suivant la nature de l’organe qui sera chargé de les percevoir. Dans tous les cas, les recherches qui seront faites dans cette voie seront puissamment aidées par les magnifiques travaux qui ont signalé l’étude des interférences lumineuses.


IV.

Il faut maintenant que nous considérions de plus près cette notion de l’éther à laquelle nous avons été conduit par les phénomènes de la lumière ; il faut que nous la précisions et que nous la dégagions des innombrables controverses auxquelles elle a donné lieu, — -Qu’est-ce que l’éther ? Est-il réellement impondérable, et dans ce cas que signifie cette propriété ? En quoi diffère-t-il de la matière ordinaire ? En quoi lui ressemble-t-il ? Quels sont ses rapports avec elle ? N’y a-t-il pas quelque chose de singulier, dans le temps même où nous reléguons hors de la science une foule d’entités conventionnelles et de forces abstraites, à y introduire l’idée d’un milieu pour ainsi dire immatériel ? Nous aurons répondu à cette