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Des théorèmes formulés par Poinsot il résulte qu’un corps dur et non élastique peut, s’il tourne, être renvoyé par un obstacle absolument comme un corps doué d’élasticité ; il y a mieux, il a souvent après le choc une vitesse beaucoup plus grande qu’avant, parce qu’une partie de la rotation s’est changée en translation. En général, quand un corps tournant vient choquer un obstacle, il ne peut pas perdre à la fois ses deux mouvemens ? tout au plus le peut-il dans quelques cas théoriques dont nous n’avons pas à tenir compte. Si le choc passe par le centre de gravité du corps, il pourra arrêter la translation, mais non la rotation ; s’il est excentrique, il pourra arrêter la rotation, mais non la translation. Les deux mouvemens se transformeront d’ailleurs partiellement l’un dans l’autre, de manière à produire les phénomènes les plus variés. Le jeu de billard a rendu familiers quelques-uns de ces effets ; on y voit comment la rotation d’une bille intervient pour en modifier, dans un choc, la direction et la vitesse. Dans l’exemple que nous citons, l’élasticité se combine avec la rotation ; mais il suffit d’abstraire ce dernier phénomène, de le considérer isolément pour concevoir comment les atomes éthérés peuvent rebondir sans être élastiques.

Entrons un peu plus avant dans la notion de ces mouvemens : nous allons voir l’hypothèse de la rotation ; des atomes éthérés expliquer, au moins dans une certaine mesure, un phénomène d’une importance capitale, et que nous avons déjà mentionné. L’ondulation de la lumière, avons-nous dit, se propage dans le sens normal au rayon lumineux, et nous avons fait remarquer qu’elle diffère en cela de l’ondulation sonore qui a lieu dans le sens même de la propagation du son. Le mode suivant lequel se propage l’onde lumineuse n’a rien qui doive nous étonner, et nous en trouvons maint exemple dans la nature. Si on laisse tomber une pierre dans l’eau, on voit l’eau onduler perpendiculairement à la direction de la chute. Dans ce cas, il est évident que le liquide ébranlé par la pierre se meut dans le sens où il rencontre la moindre résistance. C’est une raison semblable que Fresnel alléguait au sujet du mouvement, lumineux. « Je pense, dit-il, que l’ébranlement est communiquer à l’éther longitudinalement c’est-à-dire dans le sens du rayon, mais que l’éther a une nature telle qu’il ne peut obéir à l’impulsion que par une vibration latérale. » Cette indication vague va se préciser d’une façon piquante, si on suppose que les atomes de l’éther tournent sur eux-mêmes. Nous savons par la mécanique que si un corps tournant reçoit un choc perpendiculaire à l’axe de rotation, le centre de gravité du corps est transporté latéralement par un rapport à la direction du choc. Choquez une toupie qui tournent, elle s’échappera sur le côté. Il y a même à ce sujet une expérience