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aux corps conducteurs, on serait amené aux conséquences les plus bizarres. Lorsque le plomb se combine avec la silice pour former le verre, il faudrait donc supposer que le fluide électrique en est chassé et qu’il est remplacé par le fluide lumineux ! Quand le diamant passe à l’état de charbon, il cesse d’être diaphane et isolant ; il devient opaque et conducteur ; il s’y opérerait donc une transmutation de fluide ! Rien de semblable ne se peut concevoir. On conçoit au contraire aisément qu’un même éther, suivant la disposition moléculaire des corps, trouve tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, un obstacle à son mouvement.

Ajoutons ici un argument que fournissent les vitesses de propagation de la lumière et de l’électricité. Celle de la lumière est de 75,000 lieues environ à la seconde. Celle de l’électricité a été déterminée avec beaucoup moins d’exactitude, parce qu’elle dépend de la nature des conducteurs et de diverses circonstances qui n’ont pu être éliminées par les observateurs ; mais, si l’on prend une moyenne entre les nombres très différens qu’ont donnés les expériences, on ne sera pas loin de trouver cette même valeur de 75,000 lieues par seconde. Dans ce rapprochement, nous pouvons voir une confirmation de notre hypothèse. Nous ne devons pas nous étonner du moins qu’un même nombre représente deux vitesses qui correspondent pour nous à deux ébranlemens du même fluide produites dans le même sens ; la vitesse de la lumière est en effet celle de l’impulsion longitudinale d’où résultent les mouvemens transversaux.

Ce sont là des aperçus très généraux, et l’on ne peut pas dire que nous voyions nettement la connexion des phénomènes lumineux et électriques. A peine concevons-nous les conditions qui peuvent produire cette double modalité dans les mouvemens éthérés. On sait les considérations ingénieuses auxquelles le père Secchi a recours pour montrer comment l’impulsion produite le long du rayon lumineux peut se traduire par des vibrations transversales. D’autres hypothèses ont été faites pour expliquer comment les vibrations transversales peuvent être éteintes dans les corps conducteurs au profit des mouvemens longitudinaux ; mais laissons ces problèmes dans la pénombre. Il ne messied pas de terminer par l’expression de nos incertitudes la revue rapide que nous venons de faire des phénomènes électriques ; ils présentent encore bien des obscurités, et c’est nous conformer à l’état réel de nos connaissances que de les quitter en laissant de grosses questions pendantes.


EDGAR SAVENEY.