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LA
MAISON DE SAVOIE
SES ORIGINES ET SA POLITIQUE

Si l’on pouvait embrasser d’un coup d’œil rapide les destinées de la dynastie qui occupe aujourd’hui le trône d’Italie, ses agrandissemens et ses transformations successives, on aurait assurément un des plus intéressans spectacles que puisse offrir l’histoire des familles souveraines. On y verrait une maison de petits seigneurs politiques et guerriers, tenaces et persévérans comme les races de montagnes, s’attacher aux deux versans des Alpes, accroître de siècle en siècle ses domaines au moyen d’accessions librement consenties bien plus que par la force et la conquête, et fonder avec des populations disparates dont elle forme la seule unité nationale, un petit empire en équilibre sur la crête des monts, solidement lié, penchant au nord ou au midi suivant les besoins de la stratégie et les pressions étrangères, souvent ébranlé par les secousses européennes, mais se raffermissant toujours jusqu’au moment où il tombe enfin de tout son poids sur l’Italie. On y verrait une dynastie douée à un degré rare de la faculté de se rajeunir et de se transformer, passer de la féodalité à la monarchie absolue, de la monarchie absolue à la monarchie contrôlée, changer de lois, d’institutions et même de pays, sans rien perdre de sa vigueur et de sa popularité. Ce n’est pas un spectacle vulgaire que de voir une maison souveraine, qui compte neuf siècles d’existence historique et qui représente plus qu’aucune autre le principe de l’hérédité et de la légitimité, confondre ses destinées avec celles d’une