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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/527

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d’état à état, et encore sur cette extrême limite il se maintient assez mal en face des progrès de la civilisation. Quel étroit patriotisme que celui qui se réjouirait aujourd’hui de la déchéance maritime de ses voisins! Toutes les nations du monde ont intérêt à être fortes vis-à-vis de nations fortes, ne fût-ce que pour écarter les chances de guerre en mettant un frein aux folles tentations des ambitieux. Certes l’Angleterre n’en est point arrivée, il s’en faut de beaucoup, à encourager par sa négligence et par sa faiblesse sur les mers les entreprises d’une rivale. Les ressources du pays sont peut-être plus considérables que jamais, et ses matelots n’ont nullement dégénéré : on s’en aperçoit bien à l’esprit d’aventure et au courage qui distinguent à chaque instant la marine marchande du royaume-uni. Que lui a-t-il donc manqué dans ces derniers temps? Un homme et un pouvoir sérieusement responsables de leurs œuvres. Et d’ailleurs qu’on ne s’y méprenne d’aucune façon : personne ici ne demande qu’on change les bases de la constitution maritime telles que les ont fondées dans la Grande-Bretagne les efforts du pays tout entier et l’autonomie des autorités navales. L’Anglais n’est point organisateur, et il n’a guère lieu de s’en repentir, car c’est peut-être à l’absence de cette faculté que les divers services doivent d’avoir conservé leur libre action dans l’état. La marine britannique est une sorte de self-government dont les parties intéressées trouvent toujours moyen de faire entendre d’une manière ou d’une autre leur voix dans les conseils. Qui oserait pourtant soutenir que ce régime ait nui aux intérêts du pavillon national? Les Anglais, — nous ne le savons que trop, — n’ont pas eu besoin de la centralisation, si vantée en France, pour gagner la bataille de Trafalgar. Ce qu’on a le droit de réclamer au-delà du détroit, c’est un système qui, tout en assurant le concours spontané des élémens nombreux dont se compose la marine de l’état, désigne plus nettement les hommes placés à la tête de l’administration.

Il serait superflu d’insister sur les différens services publics qui viennent se réunir dans les bureaux de l’amirauté. Un des plus intéressans est sans contredit l’hydrographie. De ce département sortent les admirables cartes marines, charts, connues dans toute l’Europe, et sur lesquelles se montrent indiqués avec une fidélité minutieuse les moindres bancs de sable que forme de temps en temps l’océan le long des rivages de l’Angleterre, les perfides écueils et jusqu’à la configuration des îles ou des langues de terre les plus lointaines. Une autre branche d’administration maritime qui correspond avec l’amirauté et qui se trouve placée à côté d’elle dans Spring-Gardens est celle des gardes-côtes, coast-guard office.