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le progrès de l’émigration des espèces, les banques locales en profitaient pour augmenter la leur. La Banque d’Angleterre en arriva encore à n’avoir plus en 1839 que 2 millions 400,000 liv. st. d’encaisse pour répondre de 18 millions de livres sterling de billets au porteur. Cette situation d’un encaisse trop faible pour garantir une circulation fiduciaire trop forte s’est prolongée à des degrés différens jusqu’au milieu de l’année 1842.

On fit alors une enquête pour chercher les causes du mal. Partout on signala les abus de la circulation fiduciaire comme une de ces causes et la principale. Aussi, quand plus tard il s’agit d’y porter remède, on ne fut frappé que d’une chose, de la nécessité de mettre avant tout fin à ces abus. On chercha par l’act de 184 à donner à la circulation fiduciaire toute garantie et en même temps à l’empêcher de trop s’étendre, de façon que, lorsque le change serait contraire, elle ne fût plus un obstacle au rétablissement de l’équilibre. On voulut qu’au-delà d’un certain chiffre elle ne pût varier que comme varierait la monnaie métallique elle-même. Pour cela, on réduisit à 14 millions 1/2 de livres sterling pour la Banque d’Angleterre et à 16 millions pour toutes les autres banques du royaume-uni, y compris l’Irlande et l’Ecosse, la circulation qui pourrait se passer de réserve métallique et ne s’appuierait que sur des valeurs du gouvernement. — Depuis, la limite a été étendue, elle est aujourd’hui pour la Banque d’Angleterre d’environ 15 millions de livres sterling ou 375 millions de francs par suite de la suppression de plusieurs banques locales. Au-dessus de ce chiffre, toute émission de billets doit avoir sa représentation exacte en numéraire, et comme le chiffre qui peut se passer de représentation métallique est un minimum au-dessous duquel on n’est pas descendu depuis longtemps, on en conclut qu’à ces conditions la circulation fiduciaire est parfaitement assurée, qu’elle se garde d’elle-même, et qu’en outre, lorsque le change est contraire, elle n’empêche plus les espèces métalliques de rentrer.

Pour faciliter les opérations, on a divisé la Banque en deux départemens, celui de l’émission et celui de la banque proprement dite, départemens qui sont indépendans l’un de l’autre. Jusqu’à concurrence de 15 millions de livres sterling, le département de l’émission délivre à celui de la banque des billets sur dépôts de valeurs du gouvernement. Au-delà il ne lui en délivre plus que contre espèces, de sorte que, quand le département de la banque a épuisé la réserve qu’il possède en billets, il n’a plus pour s’en procurer d’autres que les moyens par lesquels il se procurerait des espèces. Il est donc obligé d’aviser sous peine de suspendre ses opérations, et il avise en élevant le taux de l’escompte, en aug-