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sidérer l’ensemble de ce commerce, importation et exportation réunies, et la balance qui peut en résulter. Il faut considérer encore la façon dont le commerce est conduit et sur quels articles porte l’augmentation. L’Angleterre, par la nature de ses relations avec des pays très éloignés et assez pauvres, comme l’Inde, la Chine, le Japon, est obligée de faire d’assez longs crédits. Plus elle exporte, plus elle ouvre de crédits, et avant que ceux-ci n’arrivent à échéance, si son commerce est en progrès, elle en a ouvert d’autres qui ont encore mis plus de capital dehors. C’est comme un commerçant qui, à mesure que son commerce prospère, engage plus d’argent dans ses opérations; il aura beau faire de brillantes affaires, réaliser de grands bénéfices, à quelque moment que vous le preniez, vous le trouverez toujours ayant toutes ses ressources engagées. L’Angleterre fait de longs crédits dans son commerce d’exportation, et on lui en fait à elle d’assez courts pour son commerce d’importation, soit parce qu’étant plus riche que les autres elle trouve profit à faire ses acquisitions pour ainsi dire au comptant, soit parce que les produits qu’elle tire du dehors étant généralement des matières premières qui sortent de pays pauvres, il y a lieu de les payer tout de suite, et que d’ailleurs ces pays-là n’achètent pas en proportion de ce qu’ils vendent. Dans l’un et l’autre cas, les paiemens se traduisent par l’envoi au dehors d’espèces métalliques. Cela se manifeste surtout lorsque les produits dont il s’agit sont ou des céréales ou du coton, ou des bestiaux, et que, pour une raison ou pour une autre, on a dû dans un laps de temps assez court en acheter beaucoup plus qu’à l’ordinaire. C’est ce qui est arrivé cette année. D’abord le commerce général de l’Angleterre s’est beaucoup développé. Les états du board of trade nous donnent les résultats comparatifs suivans pour les six premiers mois de 1866 :


Exportation. Importation.
1864 92 millions de liv. sterl. 98 millions de liv. sterl,
1865 88 — 75 —
1866 107 — 113 —

Le seul fait de cette progression énorme, sans considérer la balance et la nature du commerce, suffit pour expliquer une plus grande absorption des ressources disponibles de l’Angleterre.

Maintenant, si nous examinons la nature spéciale de ce commerce et particulièrement celle des importations, nous trouverons que, du 1er janvier à la fin de mai 1866, le coton figure pour 26 millions de livres sterling de plus que pendant la période correspondante en 1865, les céréales pour 2 millions 1/2 de plus, et qu’au