Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/761

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérêt religieux elle n’est point séparée de l’Italie. C’est ce que je voulais dire.

Telle est donc la situation au moment où la convention du 15 septembre devient une réalité, laissant face à face la papauté et l’Italie. Au premier aspect, entre ces deux puissances qui représentent, l’une un intérêt religieux jusqu’ici enchaîné à un intérêt politique, l’autre ce qu’il y a de plus vivace dans la civilisation moderne, le droit d’une nation, — entre ces deux puissances il y a théoriquement un abîme. À n’observer que les principes opposés qu’elles personnifient, la guerre est nécessaire, inévitable ; aucune transaction n’est possible. D’un autre côté, il y a entre elles comme de secrètes intelligences, des instincts qui les poussent l’une vers l’autre, des intérêts qui s’imposent, des nécessités de rapprochement. Je reprends ma question : qu’arrivera-t-il ? Au nombre de toutes les choses possibles aujourd’hui, on ne mettra pas sans doute une restauration de l’ancienne souveraineté pontificale. Ce serait le rêve d’esprits endormis depuis dix ans, même depuis bien plus longtemps, et qui se réveillent en sursaut, ayant perdu le fil des choses contemporaines. Qu’on me permette d’écarter encore cette combinaison qui consiste à laisser le saint-siège dans les conditions actuelles en lui proposant de conquérir ses sujets par des améliorations. Si le pape n’a pas fait ces réformes pour garder l’intégrité de ses états, pensez-vous qu’il les fera pour garder les quatre palmes de terre qui lui restent, selon son expression ? Et s’il les faisait, est-ce que les populations ne commenceraient pas par se servir de la demi-liberté qu’elles auraient pour se réunir à l’Italie ? Et si les populations agissaient ainsi, est-ce qu’on recommencerait la série des interventions et des occupations pour tenir debout obstinément une création artificielle qui n’a plus en elle-même les moyens de vivre ? Mais alors où est le dénoûment de ces complications auxquelles la convention du 15 septembre fixe en quelque sorte une échéance ?

Le dénoûment inévitable, il est dans l’ensemble de cette situation telle qu’elle apparaît. Il y a un mois à peine, le jour des morts, paraissait à Rome sous les yeux de la police pontificale une brochure, — Il Senato di Roma ed il Papa, — qui tranche la question sans marchander. Le dénoûment, selon l’auteur, ne serait rien de moins qu’une manifestation spontanée, un plébiscite des Romains qui prononceraient sur leur destinée, appelleraient le roi Victor-Emmanuel à « venir ceindre au Capitole la couronne de fer gagnée sur le Pô, » et puis se tourneraient vers le pape en lui disant : « Saint-père, désormais la révolution italienne est achevée ; elle s’arrête devant la vénérable basilique des apôtres pour déclarer