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gnalons, et la France, par ses conseils et son intervention obligeante, peut, dans ces transactions utiles, leur adoucir les aspérités et les désagrémens des premiers frottemens.

Le grand et pressant intérêt de l’Italie est en ce moment l’exécution de la convention du 15 septembre. Il ne faut point cependant négliger les affaires courantes de ce pays. La réunion du parlement aura lieu le 15 décembre ; cette session devra certainement être très laborieuse, et pourra exercer une heureuse influence sur l’administration du pays. Il s’agit maintenant, pour l’Italie, de mettre un terme à la confusion financière où elle avait été retenue par les incertitudes de sa situation politique et par la guerre. Avec de la franchise, de la netteté, de l’ordre, l’Italie, nous n’en doutons point, réussira promptement à relever son crédit et à féconder ses ressources intérieures. Un épisode attristant précédera l’ouverture de la session. Nous voulons parler des débats qui vont s’ouvrir devant la haute cour du sénat le 1er  décembre prochain sur la conduite de l’amiral Persane au malheureux combat de Lissa. Nous regretterions que cet amiral fût livré à une haute cour de justice. La question de la bataille de Lissa n’est point de la compétence d’un tribunal. L’amiral ne peut être accusé ni de lâcheté, ni de désobéissance, ni de trahison, ni même d’incapacité notoire, seuls cas que prévoie le code de la justice maritime : c’est toute la flotte, c’est le ministre de la marine et le gouvernement lui-même qu’il faudrait appeler à la barre, si l’on voulait atteindre la responsabilité collective à qui l’échec doit être imputé. L’affaire de Lissa ne tombe que sous le jugement des hommes de l’art, et voilà pourquoi la Revue n’a point hésité à l’exposer.

Les derniers événemens du Mexique portent encore le caractère de fatalité qui a marqué depuis l’origine tous les incidens de cette affaire. Le général Castelnau est arrivé à Mexico, que l’empereur Maximilien a quitté, et sur ces entrefaites deux envoyés américains, un diplomate et un général, MM.  Campbell et Sherman, partis des États-Unis, vont aborder à l’embouchure du Rio-Grande. L’affaire mexicaine a l’air de se terminer par un complet désarroi, toutes les mesures ayant été prises à contre-temps et trop tard. On ne sait pas encore ici avec certitude si Maximilien quitte brusquement le Mexique, ou s’il compte y prolonger quelque temps encore son séjour malencontreux. C’est au moment où arrivait le général Castelnau, apportant l’ordre de l’évacuation en masse de nos troupes, que le malheureux prince apprenait le terrible coup qui a frappé l’impératrice Charlotte. La fortune n’a pas plus épargné l’homme que le souverain, et il est impossible de refuser sa sympathie à une si tragique douleur. On pouvait prévoir d’avance que Maximilien ne chercherait point à poursuivre tout seul une aventure dont sa femme a été la douloureuse victime. Son départ de Mexico, la répugnance qu’il a montrée à s’entretenir d’affaires avec le général Castelnau, l’expédition de ses bagages à la Vera-Cruz, indiquaient son prochain embarquement pour l’Europe. Le commandant du navire autrichien en station à la Vera-Cruz annonçait positivement que