n’était que de 3,000 voix sur 102,000 : on s’était battu dans les rues, il y avait eu des morts et des blessés; mais l’inégalité décisive porta sur le vote des campagnes. Il en fut de même dans l’Ohio, dans l’Indiana, dans l’Illinois, dans l’Iowa. Les majorités radicales étaient de 15, de 20 et de 50,000 voix.
Dès lors le sort de l’élection fut fixé : il s’agissait non plus de savoir qui l’emporterait des conservateurs ou des radicaux, mais jusqu’où irait l’humiliation des conservateurs et s’ils garderaient encore un semblant de minorité dans le congrès. Les vaincus aimaient à espérer que l’état de New-York, infidèle depuis deux ans seulement à ses prédilections anciennes, pourrait encore leur revenir et les aider à se remettre à flot. Ces dernières espérances viennent d’être anéanties : les radicaux l’ont emporté aux dernières élections de novembre dans dix états sur douze, y compris celui de New-York, excepté le Delaware et le Maryland. Des six états qui n’ont pas voté encore, un seul, le Kentucky, leur est contraire. Voilà tout ce qui reste de ce parti démocrate dont les majorités souveraines ont si longtemps gouverné les États-Unis. Il n’aura même plus, dans le nouveau congrès qui doit entrer en fonction l’année prochaine, l’appui du président pour soutenir sa faiblesse. La majorité des deux tiers est si largement assurée aux républicains radicaux que tous les vélo présidentiels peuvent être considérés comme annulés d’avance.
Que va faire le président? C’est la question que doit s’adresser avec inquiétude le peuple des États-Unis. Pendant les premiers jours qui suivent une élection chaudement disputée, il arrive ordinairement que le pays fatigué tombe dans une sorte de léthargie et de sommeil réparateur. C’est même un des avantages des institutions libres que d’épuiser dans des luttes régulières la surabondante activité du peuple. Au lieu d’en chercher la satisfaction dans des projets malsains de révolutions et d’émeutes, il consacre toutes ses forces à cette grande bataille légale qui s’appelle une élection. Le lendemain du jour où a été prononcé le verdict populaire, toute la turbulence du pays est dépensée, et les vaincus fatigués ne demandent plus qu’à se taire, comme les vainqueurs à pardonner. Cette épreuve leur a donné la juste mesure de leur puissance ou de leur faiblesse. Tout alors leur facilite un arrangement que la raison leur conseille. Pouvons-nous donc espérer la réconciliation prochaine du président et du congrès?
Pendant toute la durée de l’élection, le président était resté