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LE
PARTI LIBERAL
ET
LE MOUVEMENT EUROPEEN

Les puissances de l’Europe qui ne souhaitaient pas de changement dans la situation respective des états du continent, et qui ne tenaient pas à accélérer le mouvement de rénovation qui doit tour à tour les atteindre, comprennent-elles maintenant ce qu’elles ont fait lorsqu’elles ont laissé mettre en pièces un traité qu’elles avaient signé toutes, et mutiler par l’iniquité et la force ce royaume de Danemark de tout temps protégé par l’estime universelle ? La question du Slesvig-Holstein était, nous disait-on, locale et secondaire. Il fallait presque du courage pour oser, contre ces dédains des cabinets et l’indifférence du public, remontrer que cette question secondaire et locale intéressait l’ordre et la paix du monde, et pouvait porter dans son sein la guerre, la grande guerre, plusieurs guerres peut-être, dont nous pourrions bien n’avoir vu que la première encore[1]. C’est une question, disait un de nos ministres, où nous n’avons qu’un minimum d’intérêt, où nous trouverions, si nous voulions nous en mêler, un maximum de risque. Qu’en pense-t-il aujourd’hui ?

Notre intention n’est pas de récriminer avec amertume. On s’est trouvé en face de circonstances si graves et si compliquées, que toute résolution était difficile et hasardeuse. Les erreurs, les fautes

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1864.