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plaque sensible détermine une action électro-motrice qui se traduit en mouvement dans l’aiguille d’un galvanomètre, en chaleur dans une hélice thermométrique. Nous pourrions multiplier à l’infini de pareils exemples, où la lumière, la chaleur, l’électricité, apparaissent comme des phénomènes solidaires, tous réductibles à l’idée de travail mécanique. Un travail les produit, et ils produisent un travail. Ils naissent du mouvement et ils se résolvent en mouvement. L’esprit public s’accoutume, — il nous le semble du moins, — à considérer sous ce point de vue les effets de lumière, de chaleur, d’électricité ; mais la question est moins avancée en ce qui concerne ces forces attractives, la gravité, la cohésion, l’affinité, qui paraissent résider dans les profondeurs de la matière. Elles conservent jusqu’ici un aspect plus mystérieux. Il nous reste à voir si nous pourrons dissiper en partie l’obscurité qui les entoure, en leur appliquant le principe qui éclaire maintenant pour nous tous les phénomènes naturels. Chemin faisant, nous avons, à mesure que l’occasion s’en présentait, indiqué brièvement les considérations qui permettent de ramener ces forces à des effets de mouvement. Nous avons donc surtout à grouper et à développer ici des hypothèses précédemment ébauchées.

Et d’abord les forces attractives ne sauraient être considérées comme inhérentes à la matière. Quand Newton proclama la loi de la gravitation universelle, il eut bien soin de faire ses réserves à cet égard. Après avoir décrit les mouvemens planétaires dans son livre des Principes mathématiques de la philosophie naturelle, il ajoute : « J’ai expliqué jusqu’ici les phénomènes célestes et ceux de la mer par la force de la gravitation ; mais je n’ai assigné nulle part la cause de cette gravitation. Cette force vient de quelque cause qui pénètre jusqu’au centre du soleil et des planètes, sans rien perdre de son activité ; elle agit selon la quantité de la matière, et son action s’étend de toutes parts à des distances immenses en décroissant toujours dans la raison doublée des distances... Je n’ai pu en-


    divers groupes de phénomènes à des mouvemens transformables les uns dans les autres et à éliminer les forces inexpliquées et incompréhensibles admises par l’ancienne physique, les mystérieuses entités auxquelles se rattachaient d’après elle les différens ordres de faits que la science embrasse. L’atome et le mouvement, voilà tout l’univers dans le système que nous avons entrepris d’esquisser. Après avoir exposé cette hypothèse, que nous avons désignée sous le nom d’unité des forces physiques, nous avions à parcourir les diverses parties de la science en vue d’y chercher les faits qui servent de fondemens à la théorie ou les lacunes qui commandent de la maintenir quant à présent dans certaines limites. Nous avons successivement considéré sous cet aspect les phénomènes sonores, lumineux, calorifiques et électriques. Il nous reste à passer en revue tout cet ensemble de faits délicats et complexes qui relèvent de la gravitation, de la cohésion et de l’affinité, puis à rassembler dans une conclusion sommaire les résultats qui jaillissent de cet examen et à en signaler les applications légitimes.