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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/938

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thèse de Laplace sur la naissance du système solaire, les conjectures que l’astronomie contemporaine tire de l’aspect des nébuleuses et les données que nous avons développées précédemment sur le rôle d’une substance éthérée. Commençons par rappeler en peu de mots l’hypothèse de Laplace. Notre système planétaire n’aurait été d’abord qu’une nébuleuse dont les limites se seraient étendues bien au-delà des orbites actuelles de nos planètes, et qui se serait successivement condensée à travers les âges. Le noyau solaire qui s’y forme n’est qu’une masse gazeuse animée d’un mouvement de rotation qu’elle partage avec une immense atmosphère. Par le refroidissement général du système, cette atmosphère abandonne successivement, dans le plan de son équateur, des zones lenticulaires d’où naissent les planètes. Quelquefois ces zones conservent la forme circulaire, comme les anneaux de Saturne nous en montrent des exemples. Le plus souvent elles se séparent en plusieurs parties. Les fragmens peuvent rester désunis, comme nous le voyons dans le monde des petites planètes situées entre Mars et Jupiter. Ils peuvent aussi, et c’est le cas le plus fréquent, se réunir en une seule agglomération. Les planètes ainsi formées sont à l’origine des masses gazeuses qui continuent à tourner autour du soleil ; elles tournent aussi sur elles-mêmes, parce que dans l’anneau originel les molécules les plus éloignées du centre solaire avaient une plus grande vitesse que les autres. Par cette rotation, chacune d’elles prend la forme d’un sphéroïde aplati aux pôles, et bientôt dans chacun de ces petits mondes recommence le phénomène expliqué tout à l’heure : l’atmosphère planétaire abandonne des anneaux d’où naissent les satellites. Les noyaux des planètes, ceux des satellites, se solidifient par leur surface, les atmosphères se resserrent contre leurs noyaux, et l’immense étendue que remplissait d’abord la nébuleuse n’est plus occupée que par quelques globes célestes qui se meuvent régulièrement autour de leur centre commun. L’auteur de la Mécanique céleste n’a présenté qu’avec réserve cette hypothèse grandiose ; il l’a placée modestement dans une note qui termine son Exposition du système du monde. Elle n’a pas laissé de prendre une haute importance, comme la seule conception qui rende compte des principaux phénomènes planétaires. Elle explique pourquoi toutes les planètes circulent autour du soleil à peu près dans un même plan, pourquoi ce plan de circulation générale est précisément celui de l’équateur solaire, pourquoi les planètes décrivent des ellipses qui ressemblent presque à des cercles, pourquoi leurs mouvemens de translation et leurs mouvemens de rotation ont lieu dans le même sens, pourquoi toutes les circonstances observées dans la marche des planètes au-