Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/941

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que représentent les mouvemens célestes est bien faible, si on la compare à celle qui est concentrée dans les actions moléculaires.

Avant de faire un pas nouveau dans l’examen de ces actions, il importe que nous revenions sur la notion même de molécule, et que nous en précisions le sens. Les molécules des corps réputés simples, de l’oxygène, de l’hydrogène, du carbone, sont-elles des unités indivisibles, de véritables atomes, ou sont-elles des agrégats ? Cette seconde hypothèse, nous l’avons déjà dit, nous paraît seule admissible. Après les premiers travaux qui ont fondé la chimie, lorsque l’analyse s’arrêta devant un certain nombre de substances qu’elle ne put décomposer, on fut porté à regarder ces substances comme différentes dans leur qualité même. Telle fut la doctrine de Berzélius. Dans cette théorie, le carbone, l’or, le platine, sont des corps tout à fait hétérogènes, dont les atomes jouissent par eux-mêmes de propriétés spéciales. Cependant la notion des équivalens, introduite dans la chimie dès le commencement de ce siècle, mettait naturellement les esprits sur la pente d’une doctrine différente. Puisqu’on avait vu que les corps simples se combinent et se remplacent dans leurs combinaisons suivant des proportions nettement définies, on devait être amené à regarder les quantités équivalentes des corps différens comme des collections diverses formées d’une substance unique. Prout avait le premier formulé cette opinion : pour lui, les poids équivalens des corps simples étaient des multiples de celui de l’hydrogène. On reconnut bientôt que cette loi ne pouvait être maintenue dans toute la rigueur de son énoncé : la détermination précise de certains équivalens la mettait en défaut. On fit disparaître les premières exceptions en prenant pour unité le demi-équivalent de l’hydrogène ; mais de nouvelles difficultés surgirent, et il fallut recourir à un fractionnement plus compliqué. La loi de Prout a ainsi perdu peu à peu sa première originalité. Elle reste cependant, corrigée par les tempéramens nécessaires, comme un argument important en faveur de l’unité élémentaire des corps. Nous avons déjà montré comment la physique nouvelle remonte jusqu’aux atomes éthérés pour trouver cette unité élémentaire. Entre les molécules de l’oxygène, de l’hydrogène, du carbone, de l’or, du platine, elle ne conçoit aucune différence qui porte sur la qualité même de la matière ; elle ne voit dans ces corps divers que des propriétés qui résultent du mouvement. Si cela est vrai de ces corps comparés entre eux, cela est vrai aussi des mêmes corps comparés à l’éther. Entre eux et l’éther, où trouverait-on une différence qui portât sur la qualité matérielle ? Toute molécule élémentaire nous apparaît ainsi comme formée d’atomes éthérés. La chaleur désorganise les corps, elle arrive à séparer l’hydrogène et