Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les flûtes et les cornes phrygiennes, faisant retentir le tambour de basque et poussant des hurlemens,

Urbis per medias exululata.

Les jeux de Cérès étaient, au contraire, des jeux dont l’origine était nationale et le caractère rustique. Ovide s’adresse aux paysans. « Offrez à Cérès, leur dit-il, le far et le grain de sel ; jetez dans la flamme de votre foyer quelques grains d’encens, et si vous n’avez pas d’encens, allumez des torches goudronnées. Les petites offrandes plaisent à la bonne Cérès, pourvu qu’elles soient pures. »

Les gens de la campagne devaient accourir en grand nombre, vêtus de blanc, aux jeux de Cérès, qui avaient lieu dans le cirque durant plusieurs jours, et pendant lesquels on banquetait et l’on était en liesse.

Quant aux fêtes du mois d’avril, la plus grande était la fête des Megalesia, dont faisaient partie les ludi magni ; elle était différente des jeux mégalésiens, car elle se célébrait non pas en l’honneur de Cybèle, mais en l’honneur de Jupiter. C’était une fête toute grecque, comme a soin de le faire remarquer avec satisfaction Denys d’Halicarnasse, qui veut retrouver toujours les antiquités de la Grèce à Rome, où il en a quelquefois indiqué avec raison la présence. La description qu’il nous donne des Megalesia faite con amore, est très détaillée.

La fête des Fordicidia était aussi liée à la prospérité des champs. On en faisait remonter l’origine à Numa, ce qui voulait dire qu’elle était d’institution sabine. C’était une fête bizarre et sanglante. On immolait trois vaches pleines au Capitole et trente dans la Curie, qui, dit Ovide, était inondée de sang ; puis on arrachait du corps de ces trente-trois vaches les corps des veaux encore à naître, on les brûlait, et leurs cendres était conservées pour que la plus âgée des vestales purifiât le peuple romain avec ces cendres le jour de la fête de Palès : c’était, croyait-on, un moyen d’obtenir de la terre, considérée comme grosse de tous les germes, la fécondité par l’offrande d’une double vie.

La célébration de cette fête étrange était renfermée dans l’enceinte du temple de Jupiter et dans l’enceinte de la Curie ; le peuple n’y participait point. En revanche, la fête de Palès (Palilia) était une fête populaire à laquelle tout le monde prenait part. Ovide déclare avoir souvent tenu dans sa main une poignée de cendres avec des tiges de fèves, avoir sauté par-dessus trois feux allumés, avoir aspergé les troupeaux avec un rameau de laurier. Cette cérémonie, qui avait lieu dans les Palilia, est exactement semblable à la