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ans les libérés de l’armée active avec les hommes sortant du premier ban de la garde nationale[1]. Grâce à cette combinaison, l’auteur promettait 1,515,000 soldats au besoin, sans surcharger le budget : c’était rentrer dans le thème de l’opposition progressiste, qui aurait voulu généraliser en France l’éducation militaire afin d’y noyer le militarisme officiel.

Un nouveau projet fut porté au Luxembourg en 1843 ; il admettait le service de huit années, mais posait en principe l’incorporation annuelle et totale du contingent pour arriver à une réserve effective. La vraie pensée des conservateurs se révéla alors par l’organe du rapporteur, le général Préval. On était en défiance contre tout acheminement vers le système de la landwehr ; on craignait « de remuer des masses d’hommes chez lesquels l’effervescence de l’âge et des passions n’est tempérée ni par l’expérience ni par la discipline et la hiérarchie. » Un amendement adopté par les pairs fit rentrer le projet ministériel « dans la circonspection de la loi de 1832. » Le projet ainsi amendé ne fut reporté au Palais-Bourbon que l’année suivante. Le débat s’élargit cette fois et prit souvent un accent passionné, surtout au sujet des réserves. On objectait contre le système de la landwehr qu’il implique un trop court passage des soldats dans l’armée active et que les régimens y sont incessamment énervés par l’incorporation des recrues. A cela le vieux général Subervie répondait : « Notre armée, dites-vous, ne serait ni exercée ni aguerrie, si nous adoptions le système militaire de la Prusse. Vous croyez donc que l’armée prussienne est moins exercée, moins manœuvrière que la nôtre ? Allez assister aux grandes manœuvres de Potsdam, visitez les camps de la Silésie, et vous verrez si vous avez rien à apprendre aux troupes qui les composent. » En définitive, les députés auraient accepté le service de huit ans pour constituer une réserve sérieuse. N’ayant point obtenu satisfaction sur ce point, ils trouvèrent bon de revenir en toutes choses à la sagesse de 1832 et se prononcèrent pour sept ans. Par ce vote, le projet était renvoyé de fait à une cinquième session. Le ministère,

  1. Voici ce qu’aurait donné ce système :
    1° Armée permanente Les quatre premières classes 236,000
    « Hommes en dehors des appels 80,000 316,000
    2° Réserve du premier ban Soldats des trois dernières classes 147,000
    « Le premier ban de la garde nationale 375,000 522,000
    3° Réserve du second banc Tous les hommes valides sortis du premier ban de réserve à vingt-huit ans et classés dans le second ban de réserve jusqu’à trente-cinq (toutes pertes déduites) 677,000
    1,515,000