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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 67.djvu/672

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d’appréciation offerte au public : elle présente pour l’armée active un minimum d’effectif au-dessous duquel il ne serait peut-être pas prudent de descendre. Le maréchal Gouvion Saint-Cyr en 1818, le maréchal Soult en 1820, reconnaissaient qu’un effectif permanent de 240,000 hommes serait suffisant. Le comité militaire de 1849 proposa, sans réussir à les faire adopter, des combinaisons qui auraient limité l’armée permanente à 284,840 hommes. On a tenu compte ici des changemens survenus dans la stratégie comme dans l’ensemble des faits politiques, et on a admis des combinaisons comportant un effectif de 343,000 hommes en permanence sous les drapeaux. Dans l’hypothèse d’un service de neuf années, — dont trois de service actif avec de larges congés, trois de réserve avec des exercices sérieux, et trois de vétérance, en utilisant chaque année les 132,000 jeunes gens disponibles et avec les services prolongés des états-majors, les engagemens volontaires, les auxiliaires étrangers, — là force militaire de la France se répartirait comme il suit :


Armée active au minimum sous les drapeaux
343,000
Armée active complétée par le rappel des congés 130,000
Réserve exercée, congés mobilisables (toutes pertes pendant le service, autres que la mortalité par fait de guerre, étant déduites) 345,000
Vétérans sédentaires 341,000
1,179,000

Ainsi, dans la supposition d’un système qui retiendrait le soldat proprement dit peu de temps sous les drapeaux, mais qui organiserait la nation tout entière pour la défense, la France disposerait de onze cent soixante-dix-neuf mille hommes généralement au-dessous de trente ans, sans compter les ressources qu’elle trouverait, en cas de péril extrême, dans les citoyens qui ont dépassé trente ans et sont entrés dans la vraie période de l’énergie virile. On pourrait mettre en mouvement trois ou quatre grandes armées de 150 à 200,000 hommes, chacune avec une cavalerie suffisante pour le rôle attribué aujourd’hui à cette arme et une artillerie plus nombreuse que celle dont on dispose actuellement. Il reste à évaluer les sacrifices en hommes, en argent, en journées de travail, qu’une telle organisation militaire imposerait à notre pays. J’essaierai cette appréciation un peu plus loin en la comparant aux résultats du système opposé.


IV

Je viens de montrer par aperçu ce que pourrait donner chez nous, comme puissance stratégique, un régime ayant pour principe de