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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 67.djvu/800

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En Prusse, on est même plus exigeant qu’en France sur la qualité des hommes. Ainsi en 1861, sur 165,000 hommes qui composaient la classe, on n’en trouva que 69,933 aptes à entrer dans l’armée. Comme le contingent s’élevait cette année à 59,431, le sort n’en exempta que 10,502. L’an d’après, en 1862, on prit 62,517 conscrits sur 69,513 jeunes gens, de façon que le nombre des disponibles dispensés par le tirage de partir immédiatement ne s’éleva qu’à 6,996. On voit par ces chiffres que la façon de procéder des conseils de milice prussiens diffère de celle qui est suivie dans les autres pays. Au lieu d’être sévères pour les exemptions temporaires, ils se montrent très faciles sur ce point. Pour la moindre indisposition, ils renvoient le conscrit à l’année suivante. Le nombre de ceux qui sont ainsi provisoirement congédiés s’élève à la moitié de la classe. Souvent ils doivent se représenter trois années de suite avant qu’une décision définitive soit prise à leur égard. Voici donc en résumé les résultats du recrutement en Prusse. Tout homme étant tenu au service militaire, ce principe fournit un total brut équivalant à 1 pour 100 environ de la population. Sur ce nombre, plus de la moitié sont renvoyés dans leurs foyers comme impropres au service ; mais, sauf les infirmes reconnus définitivement comme tels, tous les autres peuvent encore être appelés en cas de nécessité ; ils forment la réserve de recrutement (ersatzreserve). Sur la masse des conscrits valides, le sort désigne ceux qui doivent entrer au régiment et ceux (un dixième environ) qui sont libérés momentanément, tout en restant disponibles. La grande différence qui existe entre le système prussien et le système français, c’est qu’en Prusse le nombre de ceux qui demeurent à la disposition de l’état est bien plus considérable, et qu’une armée de réserve sérieuse est organisée sous le nom de landwehr.

Tâchons maintenant de nous rendre compte de la force effective de l’armée prussienne. Celle-ci, comme partout, se divise en régimens. Chaque régiment comprend trois bataillons, plus un bataillon de réserve ou de dépôt. Le bataillon se divise en quatre compagnies, et compte sur pied de guerre 1,025 hommes, dont 22 officiers, et sur le pied de paix environ la moitié. Le régiment de cavalerie contient quatre escadrons de 150 chevaux chacun, soit en tout 600 chevaux. Deux régimens constituent la brigade, deux brigades