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L’EMPEREUR JULIEN

L’Eglise et l’Empire romain au quatrième siècle, par M. Albert de Broglie, 3e édition, Paris, Didier, 1866.

Le IVe siècle peut être regardé comme le véritable point de partage entre l’antiquité et les temps nouveaux. C’est le moment où le christianisme, monté sur le trône impérial, armé de la puissance politique, devenu religion d’état, a consommé sa lente victoire, et en dépit de sourdes ou violentes résistances a fixé les destinées du monde. Le concile de Nicée, pour mettre fin à toutes les incertitudes et aux inévitables oscillations de la raison flottant entre tant de cultes et de sectes, arrête avec une rare précision un symbole qui s’imposera sans conteste à tout l’Occident pendant des siècles. Il n’y a pas eu dans l’histoire de changement plus durable, car malgré quelques accidens historiques tels que la réforme, qui n’a pas rompu la chaîne des traditions, la société moderne et contemporaine tient encore par mille liens visibles et invisibles au grand événement qui s’est accompli sous le règne de Constantin. Au triomphe politique du christianisme et à la conquête qu’il a faite de l’empire romain se rattachent, de fort loin si l’on veut, nos institutions, nos mœurs, nos croyances et quelquefois même, sans que l’on s’en doute, nos passions actuelles et nos controverses. N’avons-nous pas vu naguère l’épiscopat, la presse, l’opinion agités par un livre célèbre qui reproduisait avec moins de dogmatisme que de poésie la fameuse hérésie d’Arius? Ne voyons-nous pas en ce moment éclater un schisme dans l’église protestante de Paris sur la même question qui, au IVe siècle, divisait tout l’empire? Ce