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crâne à côté des Slaves, des Magyars, des Turcs, des Finnois, des Samoyèdes, et l’on voyait en eux les représentans dans le monde moderne de ces races autochthones à courte tête dont on découvre les squelettes sous les anciens dolmens de l’Europe occidentale.

Cependant les mesures de M. Broca, prises de la manière la plus complète et la plus rigoureuse, ne peuvent laisser subsister aucun doute dans les esprits. Comparés à toutes les séries de crânes parisiens qui se trouvent dans les collections de la Société d’anthropologie, ceux de Zarauz sont en moyenne de beaucoup les plus allongés ; sur les soixante exemplaires, il n’en est pas même un seul qui soit tout à fait brachycépale. Ainsi les Basques du bourg guipuzcoan doivent certainement être rangés parmi les hommes à tête longue à côté des Celtes et des Germains ; mais, si leurs crânes ressemblent par la longueur à ceux des envahisseurs de l’Europe occidentale, ils en diffèrent par la forme. En effet, dans les races de souche aryenne, la tête se développe surtout par la partie frontale ; chez les Basques de Zarauz, ce sont au contraire les lobes postérieurs du cerveau qui ont pris la plus grande importance ; bien que la capacité totale de leur boîte osseuse soit plus forte en moyenne que chez le Parisien lui-même, leur crâne n’en est pas moins inférieur à cause de la petitesse relative du front et de la puissance des parties occipitales : sous ce rapport, ils ressemblent aux races nègres. Il est vrai que sous un autre point de vue la tête de l’Africain est exactement l’opposé de la tête basque, si l’on en juge du moins par les crânes de Zarauz, car dans ceux-ci la face est la plus droite de toutes celles qu’on a jamais mesurées, tandis que la mâchoire supérieure du nègre est toujours projetée en avant ; l’Euskarien se distinguerait donc entre tous les hommes par la petitesse de sa mâchoire et son profil vertical.

Ainsi les précieux débris humains retrouvés à Zarauz sont uniques parmi tous les crânes étudiés précédemment : ils ressemblent à ceux des nègres par le développement de l’occiput, mais ils dépassent en moyenne ceux des Aryens par la capacité et sont d’une beauté tout exceptionnelle par la forme antérieure de la face. Ces faits seuls suffiraient pour établir que les Basques du village guipuzcoan appartenaient bien à une race autochthone distincte. Il importe néanmoins de recueillir d’autres témoignages sur tous les autres points du pays basque, car les partisans à outrance de l’ancienne théorie de Retzius disent que les habitans de Zarauz peuvent bien descendre d’immigrans celtes croisés avec les aborigènes. L’objection ne semble point fondée. Si des étrangers débarqués il y a vingt ou trente siècles avaient colonisé ce village environné de tous les côtés par des Ibères, ceux-ci, assez forts pour imposer leur