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possessions de la république en terre ferme. Quand la jonction se fut opérée entre Antonio de Leyva et le duc de Brunswick, l’entreprenant Espagnol persuada à l’indécis Allemand de l’aider à reprendre le duché de Milan avant de marcher au secours du royaume de Naples. Depuis l’éloignement de l’armée française, Antonio de Leyva, avec beaucoup d’industrie et de hardiesse, avait accru ses forces militaires et reconquis sur Francesco Sforza une par- tie de ce que Lautrec lui avait enlevé dans la Haute-Italie. Il était ainsi rentré, à l’ouest de Milan, dans Abbiate-Grasso et Novare, au sud dans Pavie, et il avait l’ambition de rentrer dans Lodi.

Le duc de Brunswick consentit d’autant plus aisément à mettre le siège devant cette place, qu’il n’avait pas trouvé en Lombardie d’argent pour la solde de ses lansquenets, et que le prince d’Orange auquel il en avait demandé, n’en ayant pas pour les siens, ne pouvait pas lui en envoyer. Sans argent, il n’était pas en mesure de conduire ses Allemands à Naples ni de les faire subsister dans toute la longueur de la péninsule, en proie à la disette et à la peste, comme l’avait fait naguère et avec tant de peine le duc de Bourbon en ne menant son armée que jusqu’à Rome. Le siège de Lodi étant résolu, les deux troupes campèrent le 20 juin autour de cette ville, dont la prise aurait mis les impériaux en possession de la frontière du Milanais sur l’Adda. L’artillerie d’Antonio de Leyva battit les murailles de la place dans laquelle étaient trois mille Italiens résolus à la défendre et commandés par Giampaolo Sforza, frère naturel du duc Francesco.

Lorsque les brèches faites par le canon furent assez grandes et parurent praticables, les troupes d’Antonio de Leyva et celles du duc de Brunswick montèrent à l’assaut. Pendant trois heures, elles tentèrent de forcer les murailles, dont elles furent toujours repoussées par la courageuse garnison. L’attaque ouverte se tourna alors en blocus, et l’armée de siège espéra contraindre la ville à se rendre par la faim; mais la disette se fit bientôt sentir aux assiégeans, et la peste pénétra au milieu d’eux. Les lansquenets du duc de Brunswick, qu’avaient attirés en Italie les succès des bandes enrichies de Frondsberg, privés de solde, manquant de vivres, ne prenant et ne pillant aucune ville, menacés de succomber aux maladies contagieuses, se lassèrent vite d’un service qui ne leur rendait rien et les exposait beaucoup. Ils refusèrent de livrer à Lodi un second assaut qui devait être donné le 13 juillet. Ce jour-là même, ils se retirèrent, et sauf deux mille d’entre eux qui restèrent avec Antonio de Leyva, tous les autres prirent le chemin des Alpes et retournèrent en Allemagne par le pays des Grisons.

Pendant que se fondait et disparaissait ainsi l’armée que Charles--