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obtenir l’adhésion des autres pays et principalement de l’Angleterre, avec qui l’union fait un commerce si considérable et chaque année croissant.


II

La monnaie anglaise est, basée non point sur le système décimal, mais sur un système duodécimal imparfaitement appliqué. L’unité monétaire est la livre sterling ou sovereign, qui se divise en 20 shillings valant chacun 12 pence. Depuis 1824, la question de la réforme de la monnaie anglaise sur la base du système décimal n’a pas cessé d’être agitée. Un nouveau système, connu sous le nom de pound and mil scheme, a été à diverses reprises introduit au parlement. En 1854, une association, la Decimal Association, s’est constituée sous la présidence d’un membre du parlement mort depuis, M. William Brown, pour faire apprécier au public les avantages du système décimal. La réforme consisterait à diviser la livre en 10 florins, chaque florin valant 2 shillings et se subdivisant en 100 mils. Le mil formerait ainsi la millième partie du souverain, et équivaudrait, à un demi-sou français, soit 2 centimes 1/2. Les adversaires de ce système n’en contestent pas la supériorité, mais ils prétendent qu’on ne doit pas toucher légèrement à l’instrument des échanges auquel se rattachent toutes les notions de valeur et toutes les transactions. Le congrès de statistique réuni à Londres en 1860 et à Berlin en 1863 s’est prononcé en faveur d’une monnaie internationale basée sur le système métrique. Enfin la convention du 23 décembre 1865, qui a constitué une union monétaire, — münzverein, comme disent très bien les Allemands, — comprenant un groupe de 68 millions d’âmes, a de nouveau appelé l’attention publique sur ce sujet en Angleterre, et la majorité des hommes compétens qui se sont occupés de la question se prononce très nettement en faveur d’une convention qui établirait un instrument d’échange, commun et uniforme moyennant certaines concessions réciproques. Les recueils spéciaux se prononcent généralement dans le même sens, et M. Frederick Hendriks vient de publier à ce sujet un écrit très remarqué, où il indique les moyens de réaliser l’union monétaire entre l’Angleterre et les quatre états qui ont adopté le système français[1].

La distance qui sépare la monnaie anglaise de la monnaie française est bien minime[2]. La livre sterling contient 60 milligrammes

  1. Decimal coinage by Frederick Hendriks, 1866.
  2. La livre sterling pèse 7g,980, et, étant à 916 millièmes de fin, contient 76,318 d’or pur et vaut 25 francs 20 cent. Une pièce d’or française de 25 fr. pèserait 85,064, ou 84 milligr. de plus ; mais, étant d’un titre moins élevé, — 900 millièmes de fin, — elle ne contiendrait que 78,258 d’or pur ou 60 milligr. de moins.