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d’or de plus que 25 francs d’or français, et cette minime quantité d’or ne vaut que 20 centimes. Vingt centimes de plus, voilà donc le seul obstacle à l’union monétaire de deux nations qui ont tant d’intérêt à se rapprocher. Remplacez dans le sovereign 60 milligr. d’or par 144 milligr. d’alliage, et l’union est accomplie. Pour apprécier combien cette différence est peu importante, il faut savoir qu’elle dépasse à peine la tolérance accordée par la convention du 23 décembre 1865 à l’imperfection de la fabrication et à l’usure, ou, pour employer le mot technique, au frai. La tolérance de fabrication est de 2 millièmes, soit 16 milligrammes par pièce de 25 francs, et la tolérance du frai est de 1/2 pour 100, soit encore 40 milligr. Donc la tolérance totale est de 56 milligr., c’est-à-dire qu’une pièce qui aurait perdu ce poids serait encore reçue en paiement. En appliquant cette disposition aux sovereigns, ils arriveraient, au bout de peu d’années de service, à ne valoir plus que 25 francs, sans qu’on eût besoin de les refondre, car ils perdent annuellement, d’après des expériences soigneusement contrôlées, environ 1 milligramme par gramme, soit 8 milligrammes par an. La tolérance pour le frai est en Angleterre de 54 milligr. valant 17 centimes. Il ne s’en faut donc que de 3 centimes qu’un certain nombre de souverains n’aient dès maintenant la valeur à laquelle il faudrait les abaisser pour arriver à la pièce internationale de 25 fr., et d’après M. Hendriks plusieurs déjà ne valent point davantage. Quant aux autres souverains qui ont encore leur poids réglementaire, l’abaissement du titre à 900 millièmes donnerait un bénéfice suffisant pour couvrir les frais de refonte.

Les rigoristes de l’économie politique attaqueraient probablement une semblable mesure en disant qu’elle aboutit à une spoliation de tous les créanciers et notamment de ceux de l’état ; mais, comme le remarque M. Hendriks, le moindre impôt sur le revenu atteint les rentiers d’une façon bien plus sensible. On peut affirmer que nul ne songerait à réclamer. L’exemple de la réforme monétaire exécutée en Hollande en 1839 le prouve. À cette époque, la quantité d’argent pur contenu dans le florin fut abaissée de 9g,613 à 9g,450, soit de 3 centimes sur une valeur de 2 francs 11 centimes. C’est une réduction qui équivaudrait à environ 38 centimes par souverain, donc au double de celle que le royaume-uni devrait appliquer. Or si cette réduction s’est faite sans difficultés et sans réclamations dans un pays où toutes les questions financières sont traitées avec l’attention la plus scrupuleuse, on peut affirmer qu’il en serait de même en Angleterre.

Aux États-Unis, le congrès est disposé à adopter le système métrique et même le système monétaire français. Le dollar vaut