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Devonshire, donnait une description détaillée de la célèbre caverne dite Kent’s hole, située près de Torquay, et relevait des circonstances analogues à celles qui avaient frappé le docteur Schmerling. Les mêmes couches d’argile dans cette anfractuosité avaient offert des ossemens d’éléphans, de rhinocéros, d’espèces éteintes de cerf, des ossemens humains et des pierres taillées.

Les découvertes de la vallée de la Somme rappelèrent l’attention sur les cavernes ; on pratiqua de nouvelles fouilles dans le Kent’s hole ; elles ne firent que mettre davantage en évidence la contemporanéité de l’homme et de la faune paléozoïque de l’âge quaternaire. Le célèbre géologue anglais Falconer observa à la grotte de Maccagnone, en Sicile, dans une brèche renfermant des ossemens de l’elephas antiquus, de la hyène, d’une grande espèce d’ours, d’un animal du genre felis et de l’hippopotame, un assemblage de silex taillés et de cendres.

Depuis quelques années, c’est dans les grottes du midi de la France qu’ont été opérées les découvertes les plus importantes et les plus décisives. Une véritable ère pour ces études s’ouvrit en 1860 par l’exploration de la caverne d’Aurignac (Haute-Garonne). Creusée dans le versant nord de la montagne de Fajoles, élevée d’environ 13 à 14 mètres au-dessus du ruisseau de Rode, cette caverne était complètement bouchée, ne communiquant avec l’extérieur que par un trou dans lequel se réfugiaient les lapins, jusqu’au jour où un ouvrier terrassier s’avisa d’y introduire le bras. Il en retira des ossemens, et, soupçonnant alors l’existence d’une cavité souterraine, il dégagea l’entrée de ce trou, y pénétra et rencontra d’autres ossemens humains en bien plus grande abondance. Malheureusement les gens du pays n’attachèrent aucune valeur à cette découverte, et le maire d’Aurignac, en ayant été averti, se contenta de faire enterrer dans le cimetière de la paroisse les os qu’on avait ainsi fortuitement exhumés.

Ces fragmens de squelettes n’étaient pas les seuls objets que l’ouvrier eût extraits de la grotte ; il avait recueilli plusieurs dents de grands mammifères ; de carnassiers et d’herbivores, et dix-huit petits disques ou rondelles d’une substance blanchâtre (on constata plus tard que cette substance résultait de la décomposition d’un coquillage), percés au milieu, et qui paraissaient provenir d’un bracelet ou d’un collier. Ayant pu examiner par lui-même quelques-uns de ces différens débris, M. E. Lartet y reconnut des fossiles de l’époque quaternaire, et, comprenant l’importance de la trouvaille, il alla fouiller lui-même la curieuse caverne. Il y recueillit quelques ossemens humains encore engagés dans la roche, des silex taillés, des bois de renne travaillés et une quantité notable d’os