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même des sépultures de cette catégorie où le bronze domine et où la pierre ne se montre plus qu’exceptionnellement ; mais il est à noter que la disposition de la cavité destinée à recevoir le mort n’est plus telle alors qu’on l’observe dans les tombeaux de l’âge pur de la pierre : l’architecture funéraire a, par suite de l’emploi des outils en métal, pris de nouveaux développemens ; l’intérieur des tombeaux se divise en galeries et en chambres souterraines.

La présence simultanée de la pierre et du bronze peut caractériser une époque de transition ; la coexistence des deux matières prouve que les dolmens et les allées couvertes s’élevèrent durant une période qui s’est liée immédiatement à celle que distingue la préparation des métaux. Les monumens mégalithiques ne se rencontrent pas seulement dans les contrées qu’ont habitées les Celtes, on en a observé en Syrie, en Afrique et jusque dans l’Hindoustan. On a signalé en Grèce des sépultures renfermant des instrumens en pierre polie et où l’on n’a pu saisir aucune trace de métal. Telles sont celles des îles Anaphé et Amorgos, où des pointes de flèche et de lances en obsidienne gisaient à côté de poteries grossières. Les formes d’un grand nombre de haches, de couteaux en silex, en obsidienne, en quartz compacte, extraits de tumulus de l’Attique, de la Béotie, de l’Achaïe, des Cyclades, sont identiques à celles des pareilles armes qu’on recueille çà et là dans notre sol. La Scandinavie a aussi ses dolmens, ses tumulus, qui offrent avec ceux de la France une frappante analogie. Les corps qu’ils renfermaient avaient été déposés sans avoir été brûlés ; le bronze s’y montre encore bien plus rarement que sous les nôtres. On n’y a pas non plus rencontré d’ossemens d’animal caractéristique de l’époque quaternaire. Les objets en pierre et en os retirés de ces tombeaux affectent des formes variées et sont souvent d’une exécution fort délicate ; à la surface, ils offrent parfois un poli remarquable. Tels sont notamment ceux qui proviennent des tumulus de Luttra et d’Axevalla en Suède. On peut voir au musée ethnologique de Copenhague et au musée impérial de Saint-Germain une collection complète de ces beaux spécimens de l’industrie de la pierre en Scandinavie, le roi de Danemark ayant gracieusement fait don à l’empereur d’une partie de ce qu’il possédait.

Les monumens de la même industrie enfouis dans les tourbières du Danemark, dans celles du nord de la France et de la Belgique, ne le cèdent guère aux précédens en élégance et en fini. En Danemark, ils se trouvent ordinairement dans les couches les plus inférieures, celles où apparaissent les traces de pins décomposés. Ce fait témoigne de l’antiquité à laquelle remontent les instrumens en pierre polie, car cette essence a disparu de la contrée depuis des