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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 69.djvu/1037

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vitupérations du député de Rouen étaient sans doute fondées ; mais ce qu’on a le droit de leur reprocher, c’est qu’elles ont été trop générales et qu’elles arrivent bien tardivement. S’étant mis dans l’impossibilité, par la violence de ses attaques, de désigner les entreprises ou les hommes qu’il avait en vue, l’orateur enveloppait implicitement dans ses récriminations tout un mouvement d’affaires qui a produit des hommes intelligens, laborieux et probes, lesquels ont contribué puissamment à l’accroissement de la richesse de notre pays, et ont étendu à notre profit sur toute l’Europe l’influence industrielle et financière de la France. De grandes témérités ont été commises sans doute dans cette période de fougues et d’illusions enflammées par de rapides succès ; mais c’était au moment où s’accomplissaient les fautes qu’il eût été méritoire et opportun de les signaler. En ce temps-là, la parole des députés eût été plus libre que celle de la presse pour combattre des tendances fâcheuses. Ce que l’on peut dire, c’est que la presse indépendante, qui luttait contre la manie triomphante, recevait bien peu d’encouragement, et rencontrait parfois des obstacles insurmontables dans la législation qui régissait alors les journaux.

Deux pays pressés par la gêne financière, l’Italie et l’Espagne, font en ce moment des efforts énergiques pour rétablir l’équilibre entre leurs ressources et leurs engagemens. Nous sommes forcés de dire qu’à nos yeux le cabinet italien ne se montre point égal à la tâche, qui lui est imposée. On connaît le gouffre que l’Italie est obligée de combler. C’est une somme de 600 millions qu’elle est forcée de trouver avant la fin de 1868 et avant d’avoir grossi ses ressources régulières par des réductions de dépenses et des accroissemens de taxes. Les politiques financiers d’Italie se sont presque tous accordés à penser qu’ils devaient puiser dans la propriété ecclésiastique les 600 millions nécessaires pour couvrir le déficit. La valeur des domaines d’église est estimée par eux à 1, 800 millions ou 2 milliards. La difficulté financière les a conduits à la nécessité de résoudre par des moyens prompts et violens une question politique qui serait d’une haute gravité lors même qu’elle ne serait point compliquée par les besoins du trésor. En 1866, les propriétés ecclésiastiques furent, par une loi, réunies au domaine public ; mais il ne semble point que cette loi ait produit ses effets pratiques, car nous voyons le ministre des finances, M. Ferrara, parler aujourd’hui du prélèvement des 600 millions au moyen d’une taxe de 25 pour 100, sur les biens du clergé. Une taxe de 25 pour 100 sur le capital est un étrange et violent impôt. Une taxe sur un domaine que l’état s’est approprié ne se conçoit point. L’opération annoncée par M. Ferrara se présentait donc dès l’origine comme entourée d’une incompréhensible équivoque. Au fond, le ministre italien semble vouloir deux choses : se procurer 600 millions à court délai et charger l’association de capitalistes qui lui avancerait cette somme d’exécuter elle-même la dépossession du clergé. Cette fausse position a déjà fait commettre au ministre plusieurs fautes considérables. Il a