Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 69.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des psaumes, les oraisons du Prayer-book, tels devaient être, disaient-ils, les seuls ornemens du temple et l’unique pompe agréable au Seigneur. « Surplis, étole, camail, s’écriaient-ils aussi bien que les dissenters, toutes ces choses sont parures du diable. » Quelles furent les péripéties et les résultats de la lutte ? Chacun le sait. Tour à tour persécutante et persécutée, triomphante et abattue, élevant des échafauds et y montant elle-même, l’église-haute parut s’abîmer dans le naufrage qui par deux fois engloutit les Stuarts et leur fortune. La royauté avait cru trouver un appui dans cette église, et c’était cette église qui causait sa ruine.

Bien, qu’écrasée par la révolution de 1688, la high-church tenta de lutter quelque temps encore, et elle put le faire avec des succès divers. Vers la fin du XVIIe siècle, un de ses prélats, l’archevêque Wake, conçut une grande idée. Nourri dans la doctrine qui faisait de l’église anglicane une branche indivisible de l’unité catholique, il rêva une alliance avec l’église de France. Seule en effet dans la communion romaine, cette dernière avait toujours montré une singulière indépendance. Wake entra donc en relation avec l’un des plus illustres théologiens de la faculté de Paris, Élie du Pin ; mais les Stuarts n’étaient plus là pour comprendre et encourager une pareille tentative, et les principes ultramontains régnaient alors à la cour de France. Puritains d’une part, jésuites de l’autre, toutes les intolérances semblèrent s’unir pour faire avorter cette conception : elles y réussirent. Tel fut le dernier acte de la haute-église. Brisée par la lutte, frappée d’impuissance, abandonnée des siens, que pouvait-elle faire ? La désertion se mit parmi ses membres ; peu à peu ils passèrent à l’ennemi ou firent soumission. Plusieurs années s’écoulèrent, et la high-church sembla avoir disparu sans secousse et sans bruit. Son nom seul demeura comme souvenir d’un temps qui n’était plus et d’une doctrine à jamais condamnée.

La basse-église cependant, devenue la seule expression légale du culte anglican, s’était bien départie de sa rigueur première. Elle ne craignait plus alors de revêtir les pompes sataniques du surplis et de l’épitoge. La musique sacrée ne recevait plus ses anathèmes, et les grands oratorios de Haendel attiraient dans les nefs de Westminster et de Saint-Paul la foule turbulente des curieux. En même temps le souffle des idées philosophiques avait passé sur les âmes et desséché les croyances. Ce que les vieux puritains appelaient autrefois la grande folie, c’est-à-dire l’esprit d’incrédulité, s’était emparé de cette église. Ce n’était plus au nom du très-haut que prêchaient les évêques philosophes, c’était pour la liberté de conscience, et le Dieu de Juda avait fait place au Dieu universel. Nulle conviction chez les pasteurs de la low-church. De leurs écoles