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directeur (vorstand), élu en assemblée générale pour six ans. Les haubergen de chaque commune formant un tout, sont divisés en dix-huit ou vingt coupes annuelles d’un seul tenant. Quelquefois la coupe est vendue, et le produit partagé entre les ayant-droits proportionnellement aux parts que chacun possède. D’autres fois la superficie à exploiter est découpée en bandes parallèles s’étendant depuis le pied des hauteurs jusqu’au sommet, et chacun des co-propriétaires tire parti de la lisière de bois que le tirage au sort lui assigne. D’après les règlemens, on pèle le taillis de chêne quand la sève monte pour obtenir des écorces à tan. En mai, le bois est coupé ; la superficie du sol est enlevée par mottes qu’on met en tas et qu’on brûle au mois d’août ; dans les cendres, on sème du seigle qui est récolté l’an d’après avec précaution entre les pousses nouvelles des souches, que cette opération ne fait pas du tout souffrir. Le sol étant ainsi bien nettoyé et ameubli, on met de jeunes plans dans les places vides. Une herbe abondante succède au seigle sous le taillis qui repousse. Quatre ans après, on y mène paître les moutons, et un peu plus tard les vaches.

Les haubergen donnent donc successivement des écorces à tan, du bois à brûler, du seigle et de l’herbe. Le produit brut monte à 900 francs par hectare pour 18 ans, soit 50 francs annuellement. Le produit net est d’environ 24 francs, ce qui est très considérable, vu qu’il s’agit de bois situés sur des déclivités très raides, et dans ce calcul le pâturage n’est compté pour rien. L’organisation des haubergen ressemble beaucoup, on le voit, à celle d’une société anonyme. Les actions sont remplacées ici par des parts appelées stammjähne et inscrites au grand-livre. Le propriétaire dispose librement de sa part indivise, mais non de la quotité du bois qu’elle représente, et qui reste soumise à l’administration centrale, comme c’est le cas pour un chemin de fer. Les habitans du pays de Siegen sont très satisfaits de ce régime, qui ne donne jamais lieu, paraît-il, à des réclamations sérieuses. Nous voyons ici comment, par l’association appliquée aux biens-fonds, on arrive à combiner la division de la propriété et la grande exploitation. C’est un type intéressant à étudier, car la société démocratique de l’avenir sera forcément amenée à adopter des institutions du même genre, afin de réunir les avantages de la propriété arrivant aux mains de tous avec ceux qu’assure l’emploi des machines sur une large échelle.

L’irrigation dans le district de Siegen est aussi bien entendue qu’en Lombardie et aux environs de Valence. Des eaux abondantes descendant des hauteurs sont retenues par des digues et des barrages afin de communiquer la force motrice aux petites forges répandues dans les vallées. Un canal d’alimentation les amène sur les prés, et un canal parallèle de décharge les enlève. Ces prés