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qu’il fournirait 585,000 mètres cubes par vingt-quatre heures, ce qui ne serait que juste suffisant pour les 3 millions 1/2 d’habitats auxquels le projet s’applique. Ces énormes chiffres effraient au premier, abord ; cependant ce n’est pas proportionnellement une dépense plus forte que celle qui a été faite en d’autres villes moins importantes en vue, de pourvoir aux mêmes besoins. Les approvisonnemens et distributions d’eau ont coûté 700,000 francs à Dijon, 19 millions à Glasgow, plus de 40 millions à Marseille. On va voir qu’à Paris, où le problème se présentait presque dans les mêmes conditions qu’à Londres, on paiera largement le bienfait d’une alimentation abondante en eau potable. Après avoir passé en revue les travaux de ce genre les plus dignes d’être signalés, il sera plus facile d’apprécier la solution qui a été adoptée pour Paris et de juger les motifs qui lui ont fait accorder la préférence.


III

Il n’y a pas à Paris de question municipale qui ait été plus vivement discutée en ces dernières années que celle des eaux ; il n’est pas de projet de l’édilité parisienne qui ait soulevé plus de contre-projets, qui ait été attaqué davantage tant à l’intérieur de la ville qu’au dehors, qui ait été critiqué et défendu par plus de savans et d’ignorans, de cette controverse presque éteinte, il est resté bon nombre de documens qui permettent d’envisager le problème sous toutes ses faces, d’analyser et de mettre en présence les opinions contradictoires, sans compter que les premiers résultats acquis enlèvent aux projets adoptés par l’administration municipale les doutes et les incertitudes dont toute étude nouvelle est accompagnée à ses débuts. Ce n’est pas seulement parce que Paris est la première ville de France qu’il est utile d’examiner comment l’alimentation en eau potable y a été conçue ; c’est aussi comme épreuve sur une large échelle des divers modes d’approvisionnement dont on peut disposer ailleurs. S’il n’était pas aisé de résoudre le problème, au moins comprendra-t-on d’après ce que nous avons dit plus haut qu’il était facile de le poser. À 2 millions d’habitans, il faut compter 300,000 mètres cubes d’eau par jour, puisque chacun d’eux en veut 150 litres. N’oublions pas une large réserve pour l’avenir, car la population s’accroît et devient en même temps plus exigeante pour les soins de propreté ; enfin les besoins de l’industrie se développent sans cesse. En somme, les ingénieurs de la ville ont calculé que 420,000 mètres ne seraient pas de trop d’ici à quelques années. Au surplus, l’organisation des eaux de Paris serait incomplète, si les