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totale et qu’il eût fallu, pour assurer l’approvisionnement complet par des pompes, dix fois plus de force, de charbon et d’ouvriers. On objectait encore qu’il serait assez maladroit, en fondant le service hydraulique d’une grande ville sur l’usage incertain de machines, de le subordonner à la rupture d’un balancier ou d’une tige de piston. L’usage de l’eau de Seine étant d’ailleurs mauvais en principe, il fallait évidemment imiter les Romains, qui avaient dédaigné le Tibre, dériver vers Paris des sources éloignées, non pas dans un lit à ciel ouvert comme le canal de l’Ourcq, où l’eau se corrompt en l’0urcq, où l’eau se corrompt en cheminant, mais par un aqueduc souterrain à l’abri des variations de température et des éléments de putréfaction. Il était préférable encore de combiner toutes les ressources disponibles, et d’affecter chacune d’elles à l’usage qui lui convenait le mieux ; c’est en effet la solution qui prévalut. La consommation des services publics, fontaines, monumentales, bornes-fontaines, l’arrosement des rues, des squares, des parcs, étant évaluée à 250,000, mètres cubes, on décida qu’il y serait pourvu au moyen du canal de l’Ourcq, dont le cours, accru des affluens négligés. jusqu’alors, fournirait 200,000 mètres, — par les pompes à vapeur de la Seine et de la Marne et par les puits artésiens. Ces diverses sources étaient même capables de fournir 40,000 mètres à la grande industrie, qui n’exige pas à la rigueur des eaux de première qualité. Il ne restait plus à trouver que 130,000 mètres pour la distribution à domicile, pour les usages domestiques ; mais ce service réclamait impérieusement, des eaux moins dures que celles de l’Ourcq, plus limpides que celles de la Seine, plus fraîches que celles des puits artésiens. Ce n’est pas que le public eût une idée nette de ce qui lui manquait sous ce rapport. Habitués de temps immémorial à boire l’eau de Seine, les habitans de Paris, n’en sentaient plus les défauts. Néanmoins, l’occasion s’en présentant, il était sage de renoncer à un état de choses dont les hygiénistes avaient signalé les inconvéniens. C’était surtout un devoir de fournir à la population pauvre, à prix réduit, ou même gratuitement, une eau qui n’eût plus besoin d’être filtrée ni rafraîchie en été par des procédés artificiels.

Ceci étant admis, il était nécessaire d’explorer l’hydrotimètre à la main, toutes les sources du bassin, supérieur de la Seine, de les éprouver, de les jauger et de choisir dans le nombre, celles qui seraient assez pures et assez abondantes. Le choix fait il restait encore à les conduire à Paris par un aqueduc, souterrain, afin d’en conserver la limpidité, la fraîcheur, toutes les qualités primitives. Telle était l’immense entreprise qui s’imposait à l’édilité parisienne.

Les recherches des ingénieurs étaient circonscrites au bassin