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LA
FRANCE ET LA POLOGNE
AU SEIZIEME SIECLE

Henri de Valois et la Pologne en 1572, par M. le marquis de Noailles, 3 vol. in-8o, 1867.

La fortune de la France se joue depuis dix siècles en mille péripéties émouvantes. Elle se fait par cette sève vivace qui se répand dans la guerre, dans la diplomatie ou dans les lettres ; elle se défait souvent par l’imprévoyance des hommes qui ne savent pas saisir les faveurs imprévues ou qui en abusent. Les découragemens dont elle est l’occasion ne sont égalés que par les espérances qu’elle réveille sans cesse, car elle est entre toutes la fortune variable aux promptes chutes et aux prompts retours. Un jour elle semble dans l’empyrée, — c’est le moment où elle touche aux plus cruelles, aux plus humiliantes défaites. Un jour elle semble misérable et perdue, — c’est le moment où elle va se relever d’un irrésistible bond pour retomber encore et rester l’énigme de la politique, le tourment de ceux qui la suivent et se passionnent pour elle. Heureuse ou malheureuse, elle a cela de bon et de caractéristique qu’elle n’a rien d’exclusif et d’égoïste, qu’elle est un peu la fortune de tout le monde, tant l’intérêt français se mêle à tout, tant notre grandeur et notre sécurité tiennent à une situation générale et en sont la vraie mesure. C’est là en effet l’originalité de cette vieille France